J'étais bien enfoncé dans mon siège. Salle quasi pleine, ce qui n'est pas banal dans mon quartier.
A ma gauche, un père et son fiston ado, le père le plus excité. Je connais cette excitation teinté d'inquiétude: va-t'il aimer?
Derrière mon dos, un môme de huit ans qui a passé son temps à taper du pied sur le dos de mon siège.
Je lui pardonne volontiers, il passait son temps à être content et applaudissait à chaque fin de morceau.
Et pendant le film, j'ai eu ce flash. J'ai pensé aux réveillons de Noël en famille.
J'ai connu toutes les phases, j'ai été l'ado, même tardif, rebelle à cette fête conventionnelle. "christmas so boring"
Ensuite Catherine et moi, pour les enfants, pour la famille, c'est nous qui la préparions.
Nappe rouge, menu calibré, bougies dorées.
La même soirée que celles de mon enfance: les grands parents autour de la table, mon père heureux d'en être. Ses blagues à trois balles avaient le droit pour Noël à un sourire. Ma belle maman et ses souvenirs d'orchestres de balloches.
Quel rapport avec le "Western Stars"?
Une impression de conformisme si c'est ce que l'on décide de ressentir.
Ou bien un rituel bienveillant.
Le film, c'est un concert filmé dans la grange de Bruce Springsteen.
Une grange comme ça, retapée, sentant bon le bois plein d'histoires, je m'y installe pour vivre si il y a des toilettes.
L'orchestre de trente musiciens fera office de nappe rouge. Un éclairage, une chaleur qui vaut bien nos grosses bougies.
Et Bruce, manches de chemises retroussées. Mouvements du bras qui énervent tant Ranx.
Entre les titres, des pensées de M. Springsteen, comme nos échanges autour de la table, tout n'est pas de la grande littérature, mais impossible dans ce contexte de soupçonner une posture.