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samedi 16 décembre 2023

La rivière Max Roach. Rivière?

 


Reprise laborieuse de mon fil Jazz, une exploration via un bouquin qui a trié les artistes par date de naissance. Ça ne promet pas une promenade par évolution du genre, arbitraire mais pas trop.

Et puis il y a l’image que j’avais adoptée. Le fleuve. Au départ j’étais en plein Philip José Farmer et sa fresque « Le Fleuve de l’éternité » ....


 ... et j’ai construit l’idée d’un océan la musique, du fleuve Jazz qui s’y jette, alimenté par des rivières, une rivière un artiste et les albums sont des arrêts, des ports où l’écoute et ses impressions se traduisent en fantasme de concerts.

Bon ce n’était pas aussi construit, suffisant en tout cas pour un cadre d'écoute.


C’est la limite de mon imagination, quoique j’écoute, si je me laisse aller à vagabonder, divaguer, les images qui persistent ce sont des scènes où des musiciens jouent.

Sauf si une histoire s’y greffe, les opéras offrent cet avantage.

Donc reprise du fil avec Max Roach. Et un arrêt double sur « We Insist! Max Roach's Freedom Now Suite » & « Percussion Bitter Sweet » J’ai eu besoin du deuxième pour apprécier le premier.

"All Africa"


« We insiste » est impressionnant, voire intimidant. Avant même d’écouter, la pochette et ces regards qui vous sont jetés. Les premières notes, nues, rustiques. L’écoute est tendue, et même dans les envolées instrumentales il y a ce rythme cognant qui invite à entendre le message envoyé. Lutte pour les droits civiques.

J’imagine bien cette salle en plein jour, sans effet de lumière, une longue et profonde estrade où les musiciens se figent. Peu de places pour s’asseoir, c’est KO debout à la sortie de cet album. 

Je l'ai dit, papier laborieux, qui se construit lentement, le côté positif c'est qu'à prendre du temps je suis tombé sur cette vidéo qui confirme mes impressions et qui en ajoutent de nouvelles: la beauté des musiciens, la posture de Max Roach ... scotché jusqu'au bout


"Max Roach & Abbey Lincoln perform Tears For Johannesburg & Triptych (Prayer, Protest)"





Une petite promenade pour se rafraichir les idées, je déambule sans trop faire attention aux alentours, impatient de la nuit. Une nuit enfin atteinte, froide qui encourage à pousser la porte du deuxième disque.

Direction « Percussion Bitter Sweet », peu de changement et pourtant une sensation de soulagement, davantage de chaleur, quelque chose d’indéfinissable. Les musiciens se sont rapprochés pour cette fois former un « Band », pourtant rythmique et percussion conservent leur sécheresse, leur sauvagerie, frappes acérées, estafilades sur les envolées de cuivre.

"Garvey's Ghost"


Quelques solos de batterie à ... supporter? ... ce qui n'est pas le cas de ma douce qui elle apprécie l'instrument.

Et puis, et puis.. Il y a "Mendacity". Eric Dolphy pousse un solo qui m'a emporté, plutôt qui m'a enfermé dans sa toile où chaque surprise note collée à la précédente et rejoignant la suivante provoque des moments d'extase.



Quand je quitte la salle sur « Man From South Africa » un doute me saisit. Était ce encore du jazz ? Ou déjà du… ?


Ouf, fini, difficile et pourtant enrichissant, l'impression de rester en écoute inachevée, c'est les envies qui s'empilent dans ma liste d'attente qui me pousse à abandonner Max Roach;

Pour un temps?

2 commentaires:

  1. En matière de Jazz, j'ai misé récemment sur Black saint and the sinner lady de Charlie Mingus fraichement réédité en vinyl, excellent investissement. Je prends note pour le prochain.

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    1. Ha oui, souvenir d'y il a quelques années, vive la mémoire du blog.
      https://gaitapis.blogspot.com/2019/03/4h-du-matin-trop-de-sujets-part-wouane.html
      Je note que déjà je radotais... mais le coup de coeur y était
      Mingus: il y a un statut de créateur qui le distingue, comme tu parlerais d'une oeuvre littéraire: un album, un concept, une unité et la volonté de le différencier des autres disques.

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