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samedi 10 février 2024

Akira Mizubayashi, Edward Elgar, Jacqueline Du Pré (prononcer Du Pwé)

 


Encore de la lecture, encore de la boulversifiance...

Au sortir, j'ai envie de tourner plaisanterie, pour lutter face à l'émotion qui fait plus que guetter et qui s'impose.

- Alors monsieur Elgar, vous êtes du nord? Ha pardon, je vous confonds avec un célèbre viking.

Mais oui, mais oui, c'est drôle après quelques relectures! Bon à nos moutons:

Cette appropriation musicale enregistrée et surtout mémorisée commence avec ce livre qui ne m'était pas destiné


Conseillé à ma mie par son libraire Mentonnesque - non pas la partie saillante mais la ville - donc ce libraire (je l'ai à l'oeil celui-là) vante l'émotion musicale qui se dégage de l'oeuvre. Après rapide réflexion ma douce subodore du contemplatif patinant comme la littérature japonaise sait faire.  

Nous échangeons sur le sujet et je décide de tenter l'histoire, à moins qu'elle ait réussi à m'influencer sur le thème qui me fait courir: la musique. Je doute, mais je peux encore inventer une circonstance? Non, avançons. 

L'argument: plusieurs époques, certaines pendant la deuxième guerre mondiale, vécues au japon par des civils. 
Un ensemble de fils conducteurs: un virtuose japonais du violoncelle, un Goffriller qui est à l'instrument ce qu'un Stradivarius est au violon. Instrument qui traverse différentes périodes, du Japon à la France, emportant avec lui de lourds secrets. 

Et de la musique, beaucoup de musique, beaucoup d'occasions d'interrompre sa lecture pour fouiller, trouver et écouter. 

Les stars du roman? Les suites au violoncelle de Bach et l'ombre de Pablo Casals, référence légendaire.


Mais moi, et moi, mon émoi, c'est le concerto pour violoncelle de Edward.

Je n'ai pas le livre sous la main, j'aurai été tenté de copier un des passages qui m'a convaincu de m'intéresser à ce concerto.

Outre majeure et marquante, cette oeuvre bénéficie d'une interprétation ....Jacqueline Du Pré (avé l'assent aigu? Voui!)



Un miracle: l'oeuvre est déchirante, superbe, certainement l'un des plus beaux concertos pour violoncelle que l'on ait jamais écrits, et Du Pré bouleversante d'intensité en a été à ce jour la meilleure interprète. Barbirolli au soir de sa vie l'accompagne avec une tendresse for émouvante.

"Les indispensables du DC classique 1994" Hoffelé & Kaminski

 

Jacqueline Du Pré a affranchi le concerto de sa courtoisie traditionnelle grâce à son exécution audacieuse, visionnaire, à fleur de peau. Son attitude d'abandon passionné sera pour toujours associée à la longue phrase en mi mineur ascendante qui explose durant le premier mouvement su thème principal. Et la tragédie de son existence, interrompue par une sclérose en plaques alors qu'elle avait quarante-deux ans, est devenue inséparable de la noblesse tragique du concerto. 

"Les 1001 oeuvres Classiques qu'il faut avoir écoutés avant d'éteindre" Helen Wallace

Au point d'en oublier l'auteur? Une de ses dernières créations marquées par la fin de la première guerre mondiale.

Prendre conscience de ce que devait être pour une création l'année 1919 dans une Europe ravagée, endeuillée.
Un compositeur à son crépuscule. 
Ajouter le drame personnel de Jacqueline Du Pré et j'obtiens une préparation pour une écoute pleine de gravité, de tristesse .... soudainement bousculée par les forces du concerto qui interdisent cet abandon. 

Il y a de la colère, de la folie, il y a des moments de tendresse aussi  et surtout il y a ce jeu charnel auquel répond l'orchestre. 
Époustouflant

Ici avec Daniel Barenboim mais je droppe la version avec Sir John Barbirolli


Bon, besoin de soleil moi... Brésil??

3 commentaires:

  1. Toujours intéressant de voir comment d'une lecture, d'un film, d'un hasard donc ou aussi, on peut partir à la découverte et essayer d'enquêter pour en savoir plus.
    J'ai toujours personnellement aimé me prêter à ce petit jeu et j'en produit d'ailleurs de temps à autre le résultat dans le blog et je sais que tu es de la même veine.
    Alors oui, cette interprète, elle a bousculé les codes d'interprétation du violoncelle et a amené une autre dimension.
    Las des éternels Rostro (que je ne peux qu'admirer d'autant qu'il était le parrain officiel du conservatoire où j'enseignais, ce qui m'a permis d'aller à Saint Petersbourg rencontrer pour travailler avec eux, les professeurs de son école), Casals etc... j'ai découvert cette artiste en alternative, quelque part ouvrant la voie vers d'autres horizons qui aujourd'hui sont actés tels C.Coin, Sol Gabetta, O.Gaillard et recemment la fantastique Anastasia Kobekina dont le dernier album Venice que je te recommande fortement est une pure merveille dans la lignée de ces nouvelles visions d'interprétations initiées par J. DU PRE.
    Je note bien entendu les références de ce livre bien que j'en ai des tonnes de retard à lire (certes moins que d'albums ou de titres à enfin bosser...).
    En ce moment, délectation sur le "De la musique-conversations" Haruki Murakami/Seiji Osawa... là encore des portes s'ouvrent...
    Bravo pour cet article et ce concerto d'Elgar est l'un de mes préférés pour l'instrument...
    Elgar et ses "Enigma Variations" où les musicologues cherchent encore les mélodies cachées, sortes de symboles mystiques, dédiées à ses amis proches... tout un "programme"...
    Bonne soirée.

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  2. Merci surtout d'être passé, je ne boude pas mon plaisir. C'est avec solennité que je te lis en écoutant "Pomp And Circumstance" mon premier contact. Il y a de l'esprit anglais ou bien il l'incarne?

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  3. Là encore Elgar est assez peu mis en avant, c'est pourtant effectivement quelque part avec par exemple Vaughn Williams, l'un des plus formidables représentants du romantisme anglais - certain qu'il l'incarne de la façon la plus authentique.
    Un compositeur extraordinaire à découvrir car toute son oeuvre est magique, c'est un peu comme Bruckner, mais à l'anglaise...

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