Ça a failli.
Je vous raconte.
Et pour commencer un rappel du principe de ce blog. Chaque papier est consacré la plupart du temps à un disque que je découvre,
que j’écoute pour ensuite partager, je retrouve ainsi sans nostalgie l’époque
où après achat et trouvailles je rejoignais mes copains avec mes dernières
acquisitions sous le bras pour confronter: longues après-midi et soirées à charger
la platine, écouter, à peine, car vite revenait le plaisir des avis tranchés,
des bagarres, des injustices et parfois tout de même des révélations.
- - Vire moi cette merde
- - Je préfère ce qu'elle faisait avant
- - Il change pas, toujours aussi bon
- - Passe un peu la pochette
--- - Qu'est ce qui reste à boire?
- - Ça schnitte bien, tu me redis le nom
- - Quelqu’un a vu le paquet de clopes ?
Par contre, sans revanche aucune (Ou l'inverse):
Comme le dit autrement Danny Glover je n’ai plus le temps de le consacrer, le temps, à défricher des nouveautés, je me place derrière des enthousiastes, des œuvres qui ont traversé les époques, des avis convaincants pour écouter, écouter encore écouter, en entier, dans l’ordre, dans le désordre, sélectif, exhaustif.
Des
impressions, des émotions prennent forme pour alimenter un papier qui fera date dans
l’histoire de la papeterie. Ensuite un partageoume vers les copains du web ou vers l’inconnu.e
qui passe, une expérience en quelques lignes. Et cerise ou plutôt restons
modeste, pastèque sur le gâteau, le calembour pour fermer le tout et passer à
autre chose.
Au fait! Au fait! C’est bon, patience, j’arrive.
Kenny Dorham. Sur mon fil Jazz. Alimenté par deux livres « Giant Steps » de G. Belhomme et la bible du jazz en CD « Passeport Pour Le Jazz » de P. Adler et P. de Chocqeuse.
Sur le conseil de ces derniers : « Quiet Kenny » & « 'round About Midnight At The Cafe Bohemia ». J’apprends de ce trompettiste qui aurait dû être illustre si moins timide. Je me penche un peu sur son histoire, sur l’histoire du genre « Hard Bop » une fois encore les musiciens noirs pour contrer l’expropriation artistique par les blancs poussent encore plus loin leurs jeux, en opposition aussi au jazz « Cool ».
Hop c’est parti….
Rien, nada. Pas non plus hermétique, car ça je sais
reconnaître, insister ou abandonner sans juger. Mais là, tout en entendant du
familier. Je n’arrivais pas à incarner la musique. Ha oui, faut dire que je
manque d’imagination, quel que soit le genre, je me projette, les images que j’associe à la
musique sont les musiciens qui jouent, ensuite je plante un décor approprié
etc…
Je me préparais à écrire un papier désenchanté.
Dernière tentative, comme une intuition : comme pour le Hitchcock de « La Mort Aux Trousses » j’inverse les clichés … d’écoute jazz : 8h du matin, avant le petit déjeuner, hop, sur le vélo d’appartement une bouteille d’eau à portée.
Je pédale, je désincarne. Que la musique. Comme un langage, une histoire, préambule bruit de cymbale, basse « vas y
raconte », piano « Vas-y, trompette, dis-nous » Trompette
« bon, voilà, ce sera l’histoire de.. » « Mais attention, ça va
décoiffer, préparez-vous » « donc c’est l’histoire de… » et à
moins d’une minute la trompette se lance dans une succession de notes et ses
acolytes de suivre au même rythme, plein d’excitation.
Quiet Kenny/ Lotus Blossom
Yeahhhhh,
bounheuuurrrrr absoulou
Encore, encore…
Trompette : « Moi aussi, je peux la jouer cool et désinvolte,
y’a qu’à me suivre … attention aux changements de vitesse que je ne vous largue
pas. »
Quiet
Kenny/ Blue Friday
Et voilà, compris, une introduction, comme on prépare un
auditoire qui s’installe et après une minute généralement, le thème
Quiet
Kenny/ Blue Spring Shuffle
Ensuite les ballades me promènent, je ne renâcle plus.
« Passeport » avait pourtant bien tenté de
raconter, mais cette fois ci j’ai pu comprendre leur point de vue après illumination :
Sa sonorité très pure est à la fois ferme et ouatée, comme si une légère brume masquait les contours de son chant. Cette élégance naturelle, Dorham la partage avec Tommy Flanagan. Lui aussi joue avec son cœur, tout dévoué aux mélodies qu’il éclaire sobrement. Lui aussi préfère les ballades, les rencontres intimes où la musique, Dépouillée de tout artifice, brille de sa propre lumière.
J’aurai été bien triste de rester à l’écart, vous
comprenez ?
Pour l’album « 'round About Midnight At The Cafe Bohemia” je reste sur la version courte, je sais qu’il y a un enregistrement plus conséquent mais je le garde sous le coude. En attendant, gagné, cette fois ci je n’ai aucun mal à les regarder jouer. Et sans hésiter j’emprunte les mots de « Passeport »
Une profonde réflexion mélodique sur les thèmes le conduit tranquillement à transformer le turbulent langage du hard-bop en une musique plus lyrique, une musique à la fois puissante et chantante qu’imprègne l’esprit du blues et que ravivent parfois les couleurs du gospel.
Je disais les mots de « Passeport » pour:
'round About Midnight At The Cafe Bohemia/ A Night In Tunisia
'round About Midnight At The Cafe Bohemia/
Autumn In New York
Aucun mal maintenant à entendre ce bonheur de jouer, l’émotion transmise à j’imagine une assemblée silencieuse oubliant les
verres qui les attendent sur ces tables faiblement éclairées.
Kenny Dorham, un nouveau nom à ma liste.
Et comme un melon atterrissant sur un gâteau à la crème, me
vint le titre de ce papier.
PS: Et l'expression FLEUVE JAZZ? J'avais oublié. Je pourrais évoquer le Hamza mais c'est trop tard.