Translate

dimanche 10 novembre 2019

Allez, Un Dernier Avant de Partir: Barbara, Trenet, Brel


(Edward Hopper 1966 Deux Comédiens.... Son dernier Tableau)


Tout ça semble morbide, même à moi. Pourtant ce n'est pas l'idée.
C'est que j'aime qu'on me raconte des histoires, plein.
J'ai récemment découvert qu'enfin je pouvais ressentir quelque chose en regardant un tableau.

Ça se passe au centre Pompidou de ... Metz. Ce ne sont pas des gardiens qui vous guettent mais des jeunes érudits, payés pour repérer vos interrogations.

L'un d'eux s'approche de nous et nous parle du tableau de Chagall, Un de ses tout premiers. Une histoire de difficulté à trouver les teintes, obligé de faire travailler son imagination, à tel point que plus tard, à la recherche des mêmes colories, Chagall ne saura plus les refaire.

L'exposition avait comme thème peinture et musique - j’espérais obtenir des passerelles d'émotions - ainsi Kandinsky atteint de Synesthésie: mixage de deux sens, sons et couleurs s'associaient dans sa perception. Quelle belle confusion.

Des histoires, des histoires.



Je fonctionne comme ça pour la musique, que j'entoure d'écoutes et de lectures
Tout joue un rôle dans le résultat révélatif, même si je suis incapable d'isoler le déterminant de l'inutile.
Alors je me paie un livre sur la peinture, sur le thème SON DERNIER TABLEAU et ses circonstances.

Et je le regarde lentement... Je m'imprègne... Cette idée de DERNIER s'installe en moi.

FIN DU PRÉAMBULE


Il y a peu, je tombe sur un commentaire autour d'un titre de Barbara

FATIGUE


Barbara.
Trouvez moi une ou un artiste Français qui soit aussi proche de vous avec ses pensées. Ferré?
Mais Barbara se colle davantage.
"Nantes".. Une chanson dédiée à son public... Plus intime tu.. Ha c'est trop tard.

FATIGUE
quoi de plus bouleversant que cet aveu, ce quasi adieu car la voix la fuit. Des aigus qui disparaissent.
J'ai l'impression d'entendre Christophe et son chant crépusculaire.

Ses dernières chansons, comme toujours, des souvenirs, des vécus et moi complice avec cette impression d'être deux. Auditeur heureux et émus.

"Vivant Poème"



Barbara, fantasme d'un amour impossible, souffrance désirée, comme je m'imagine bien revenant régulièrement vers cette présence qui n'octroie qu'un baiser de temps en temps, le plaisir masochiste de ne pas être aimé et d'en redemander, fourbu d'amour impasse.
Mais ce sourire, ce visage, ce port de tête.

Alors il y a les chansons...

Parfois il faut la clé, ce talent à cacher dans les mots ce sentiment que l'on ne saisit pas mais qui nous a bien attrapés.
Ici, un souvenir d'enfance, un partisan arrêté et fusillé:



01. Barbara - Il Me Revient - Le Jour Se Lève Encore
02. Barbara - Il Me Revient - Femme Piano


Alors, un ami pour se consoler, pour évoquer la belle vie même dans la noirceur
(Aviez vous noté que "Je Chante" parle d'un suicide libérateur?)

"Je N'irai Pas À Notre Dame"


Dans une fantasque imagination, les anges complotent pour qu'enfin Charles puisse aller chanter à Notre Dame.
- Charles, vous passerez par le toit et vous pourrez finalement y chanter.




Je ne sais pas.
Quand je suis assailli par des souvenirs qui font mal, son suranné au timbre de voix chaleureux et amical me donne du répit.

Charles Trénet - Je N'irai Pas À Notre Dame - Pardon




Ce qui me bluffe, c'est cette faculté à rester ce fou sautillant qui pouvait à tout age lancer une comptine pour faire rosir la grisaille

01. Charles Trénet - Je N'irai Pas À Notre Dame - Les Indiens




01. Charles Trénet - Je N'irai Pas À Notre Dame - Soleil D'octobre
02. Charles Trénet - Je N'irai Pas À Notre Dame - Le Visage De L'amour



Mes chroniques m'accompagnent, elles s'écrivent lentement car j'y entrelarde les titres que j'écoute pour m'aider à continuer des phrases.
D'où cette impression d'enchaînement sans transition entre les idées.
Le maillon c'est la chanson.

Si je précise ce point c'est qu'en écrivant, en écoutant je me demande si je dois regretter de finir avec Brel ou bien si je tenais à appuyer là où ça fait mal.

Cet album, grandiose, pue la fin, la séparation. Cette maladie qui change la donne, nous enlève lentement ceux que l'on aime, ce cancer qui fabrique du soulagement coupable quand la conclusion est atteinte.

Brel chante l'abattement.

01. Jacques Brel - Les Marquises - Orly


Pour me consoler, j'ai entendu qu'il vaut mieux qu'elle soit partie brusquement plutôt que cette usure qui hante ces chansons.
Pour me consoler.
Et pourtant je ne sais pas. J'ai connu les deux, pourquoi n'ai je pas pu choisir?

01. Jacques Brel - Les Marquises - Jaurès
02. Jacques Brel - Suivre L'étoile - La Ville S'endormait


02. Jacques Brel - Voir Un Ami Pleurer
01. Jacques Brel - Le Bon Dieu

Barbara... Au secours, embrassez moi. Charles serrez moi dans vos bras....
Jacques, quand même, allez...


01. Jacques Brel - Les Marquises - Les Remparts De Varsovie


---------------------------------------

PS: Cette chronique souvent interrompue a vu son atmosphere perdre encore davantage d'oxygène avec la sortie du dernier album de Nick Cave.

Un autre superbe qui évoque son drame, la perte de son fils en 2015.

En revenant sur cette tragédie qui lui inspire cette émotion sublimée en musique, l'année 2015 s'est violemment rappelée à mon souvenir. Sans que je m'y sois préparé.

Alors je me sers de la chronique.

La beauté des compositions de Monsieur Cave ajoute un regret à ce collier douloureux que je laisse le plus souvent possible enfermé dans son écrin.

Que ne suis je un artiste pour laisser derrière moi le portrait de celle qui m'a quitté, c'était comme "Orly" mais c'est moi qui suis resté. Et je bouffonne pour cacher mes mille ans.



Une présentation par Michka sur France Inter

Nick Cave : « Ghosteen », l’album secret révélé


17 commentaires:

  1. Barbara et Brel me mettent à genoux… Trenet moins !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Pour rester dans les images, je dirai que Charles Trenet te relèverai :-)

      Supprimer
  2. Les Pétroleuses ? Ouh-là, mes premiers émois de pré(mais alors pré)-adolescent. Mais alors quels émois.
    Synesthésie ? Tom Waits et Edward Hopper, Nighthawks quoi. Hopper, le seul peintre pour qui je me suis déplacé deux fois, la première fois à Londres y avait personne, la deuxième à Paris quelques années plus tard t'entrais pas si t'avais pas réservé...
    Pour Guernica j'ai pas de musique, avec ces deux tableaux moi j'ai fait le tour (pour le reste faut peut-être voir avec Charlu, ce branleur)
    Le dernier Nick Cave fait l'unanimité et c'est sûrement mérité, moi j'ai beaucoup de mal à l'apprécier (j'ai bien sollicité l'avis de Till, ce branleur, mais sans réponse...)
    A chacun sa perception, la tienne se passe de commentaires mais a déclenché celui-ci.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je pari sur la sincérité de M. Cave, ça peut pas être autrement. Mais les critiques du coup s'effacent, normal, l'émotion et la sympathie est trop forte. Ben, tiens tu parles de Guernica. Tu as le tableau et puis tu as le massacre qui l'inspire et puis tu as l'anecdote de l'officier allemand qui demande à Picasso "c'est vous qui avez fait ça?" et Picasso "Non, c'est vous" Des histoires, toujours.

      Supprimer
    2. Si mon avis vous intéresse, j'ai trouvé le dernier Nick Cave particulièrement chiant. Comme Barbara, d'ailleurs.
      Par contre Charles Trenet, c'est oui. Encore et toujours.
      Et Brel ? Ben, j'en suis à mieux le tolérer en tant qu'acteur. Attention, ne me faites pas dire que j'aime plus Vesoul, c'est juste que j'ai du mal à trouver l'envie de le poser sur la platine, ça me fait pareil avec Aznavour et Brassens depuis quelques années déjà. Va comprendre Charles.

      Supprimer
    3. "Chiant" dans le sens de ennuyeux? Je conçois, j'ai beaucoup aimé accompagné des pauses de Assayas, j'adore ce qu'il fait de sa voix, c'est ce qui me fait apprécier le tout un peu répétitif. Je sais que je vais y retourner.
      Barbara, sauf si tu ne l'aimes pas en général, moi je la découvre donc je me suis pris des titres dans la tronche, j'en redemande et je suis sous le charme (j'ai l'impression de radoter ma chronique)
      Trenet? Tant mieux, c'est récemment que je décidais découter autrement qu'une compilation, jouissive quand même les compilations.
      Brel, je me suis tellement fait de cinéma avec ses chansons, comme Ferré, c'est pour la vie.
      "Ces Gens Là" c'est du grand roman noir... Du Simenon... grandioooose.
      Brassens je suis un novice, et ses chansons tendres comme les "Passantes".. Pffff
      Aznavour, je l'entends comme un Sinatra à nous. Je prends "Non Je N'ai Rien Oublié" et le vois sur scène avec ses reprises sans reprendre sa respiration. Comme Becaud avec ses "Je reviens te chercher" ou "Septembre" (mais tellement mieux par Neil Diamond, j'avoue, j'aime les histoires d'amour)

      Supprimer
    4. Bon ben ça nous fait l'unanimité moins deux alors ...
      C'est pas parce que cette chanson française n'a jamais été mon truc que je vais pas m'exprimer : vu d'ici (de loin donc), Brel c'est un rocker, casse-couilles et branleur. Je vote pour lui !

      Supprimer
    5. ... Et un branleur casse-couille c'est que de la douleur!!

      Supprimer
    6. Oui mais les Pétroleuses dans tout ça ?

      Supprimer
    7. En France on a pas de pétroleuses mais on a des hideuses... (c'est gratuit, mais je n'aurai jamais plus l'occasion)

      Supprimer
  3. J'adore les tryptiques.. et celui là, je vais me le passer illico. Oui, car Brel j'ai toujours zappé mais celui là à la pochette nuageuse je me suis toujours dis que si y'en avait un ce serait celui là.. bah pour la pochette et le contexte. Barbara, je dévorre tout à sa période. Celui là j'ai jamais écouté..sauf qq morceaux dans des compiles. Quant à Trenet..j'ai hate pour ce disque là. Tu vois des mondes qu'on croit connaitre et qu'on aura jamais comme il faudrait.
    Ces trois albums.. avec tes mots, ton contexte.. je vais les prendre tous les trois en même temps. et je pense à d'autres qui ont préparé leur départ.. artistiquement volontaires.. pas Johhny (quoique)..mais Bowie, et Cohen.. des adieux poignant et colossaux..
    Nick Cave, comme son Skeleton..j'ai écouté une seule fois. Tellement pris à la gorge que j'attends un peu, le contexte évidemment. Très très loin d'être chiant..laisse tomber les zozos..c'est des branleurs..

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Que cela ne te plombe pas trop, mais mon prochain post, ce soir logiquement, ATTENTION, ça va faire mal, cela ne sera pas du second degré...
      Sinon rien à ajouter à part que ce sont 3 albums épais chacun dans son intention. Trenet, quel sacré copain. Brel quel ... comme le film j'arrive dans ton autre commentaire... barbara... haaaa haaaaa Barbara
      Au fait hors contexte lourd, le Nick cave et sa façon traînante et plaignante me fait penser au chant de Bryan Ferry dans "In Everyhome a heartache"...

      Supprimer
  4. Ah tiens..j'ai mâté "L'emmerdeur" il y a 2 jours... putain le film.. énorme acteurs comme dit Hugo.. Le truc chiant pour Brel ( avis perso), c'est que les fins de chansons sont soulantes.. il gueule.. ça part dans le coffre fort. (tiens, j'ai dis ça à a grande aussi pour Michael Jackson ... il crie presque hystériquement à la fin de ses chansons.. ).. pourtant y'a un paquet de chansons de lui que j'adore.. je parle de Brel.
    Eh..mais là d'un coup je pense au chef d’œuvre "Mon Oncle Benjamin"... grandiose, enivrant et en plus il chante dedans..D'ailleurs c'est pas dans ce film où il prétend .. je cite.. "les bouteilles c'est comme les filles, faut pas les lâcher avant d'en avoir vu le cul"... c'est pas de moi :o

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Autre registre époustouflant mais gris gris gris "les risques du métier"

      Supprimer
    2. M Jackson!!! ça va faire et mêem ça fait comme pour Noir Désir, j'ai envie de séparer la musique du bonhomme. ça fait chier, j'y arrive mais ça fait chier.

      Supprimer
  5. C'est encore moi.. je suis là j'en profite ;D
    Cave me fait penser à Clapton... La disparition de Connor a plongé Rick dans la sobriété et la musique absolue, dès "Tears in heaven".

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Avant de te lire, je n'y avais pas pensé. Surpebr morceau que je n'ai découvert qu'il y a qlq semaines. Une amie, folle de Leonard Cohen au passage

      Supprimer