Translate

dimanche 12 octobre 2025

John Adams répond à la question: Février 1972, il était où Nixon? En Chine!

 


Pour tout vous dire lorsque j’ai décidé un prochain opéra, après ELEKTRA, je penchais pour une œuvre au titre qui me faisait sourire : EINSTEIN ON THE BEACH de Philip Glass. L’expression me renvoyait à une bande dessinée de Goossens. Une planche en particulier où Einstein et un journaliste remonte un chemin de la plage tout en devisant, trop loin pour comprendre le contenu des bulles, cela se précise au fur et à mesure qu’ils se rapprochent et enfin on peut lire Einstein qui explique : « Finalement ma chaussette noire était dans le tiroir du bas »



Une bonne idée sauf que je souhaitais un guide précis, un ASO (Avant-Scène Opéra) que je n’avais pas, impossible de le commander, ASO n’était plus.

Alors ? Alors je trouve dans mes documents un ASO sur NIXON IN CHINA de John Adams. Pourquoi pas. En commun des personnages contemporains, une musique de même inspiration, motifs répétitifs et enrichis, minimaliste et va savoir il y aura peut-être une histoire triviale, une paire de chaussettes à reconstituer ?  Finalement je me contenterai d’une explication sur la cuisson des hamburgers sur le grill.


De grands et beaux moments généralement très cinématographiques.

De John Adams pour qualifier sa musique je lis « minimalisme » que j’ai mal interprété, je comprenais « minimum » alors que sa musique est d’une richesse intense, des motifs qui semblent se répéter mais qui s’enrichissent si vite que nous pourrions parler parfois de maelstrom musical.

Atterrissage de l’avion de Nixon à Pékin


Je viens de lire sur Wikipedia (https://fr.wikipedia.org/wiki/Minimalisme_(art)) « Le terme de minimaliste est généralement considéré comme étant peu adapté à cette musique, que l'on appelle également « répétitive », parce qu’elle est en partie basée sur un principe de répétition »

C’est bon de se sentir parfois intelligent (tout est dans le parfois)

J’ai déjà expliqué que mon approche d’un opéra s’assimile à la recherche d’une illumination comme un secret enfin dévoilé. Des écoutes fréquentes jusqu’à ce qu’enfin se révèle la magie de l’œuvre.

Pour John Adams cette magie a de suite opéré, en tout cas pour une grande partie de l’œuvre, mon gout pour les musiques de films : Bernard Herrmann, John Williams, John Barry (les John quoi), John Goldsmith (Ha non, c’est Jerry), Michael Nyman …. Ok vous avez compris où je veux aller.

Et l’histoire ? Oui, oui, je réfléchis à comment en parler.

Je continue en musique

Le chœur qui accueille le président Nixon, atterrissage de l’avion (again mais le vidéo est en continu) et l’air de Nixon « News News »


Alors ? Opéra ? Comédie Musicale? L’intermède d’accueil est classique mais l’air « News News » renvoie à des albums composites d'Axelrod, JC Vannier. Influence pop (prog) et Jazz (Swing) pas loin.

John Adams a pour le servir un orchestre modèle Duke Ellington, ajouter les cordes et un synthétiseur ou plutôt « un clavier électronique » :

ASO va jusqu’à préciser qu’à l’origine c’était un Yamaha HX 1 Electone à deux claviers

Une tempête tropicale, impressionnante, suivi d’une accalmie envoutante et ses allusions à des thèmes Richard Strauss que j’ai cru reconnaitre (confirmé par ASO)


 Parmi mes airs préférés, des chœurs encore, après la tempête....

« Flesh Rebels » 


Cependant il restait à apprivoiser les grands airs, passage davantage attendu qu’obligatoire dans un opéra même contemporain.

Celui-ci m’a d’abord déconcerté avant de m’émouvoir, grand moment d’introspection de Madame Nixon (Pat pour les intimes)

« This Is Prophetic »


Je pourrai placer pratiquement tout l’opéra, je vais me contenter de la toute fin, quatre voix, Nixon se souvient de la guerre du pacifique (et explique la cuisson des Hamburger) Pat lui répond. Mao profite d'un moment d'intimité avec son épouse. 

« You Won At Poker»

Et en toute fin ce monologue de Chou En-Lai.

« I Am Old And I Cannot Sleep» Suivi d'une belle version trouvée sur YouTube



Je suis vieux et je ne peux dormir éternellement,
comme les jeunes, ni espérer
que la mort soit une nouveauté,
mais un éveil sans fin lorsque
je pose mon travail et que j'irai me coucher.
Dans quelle mesure ce que nous avons fait était-il bon ?
Tout semble échapper à nos remèdes.
Viens, guéris cette blessure.
À cette heure, rien ne peut être fait.
Juste avant l'aube, les oiseaux commencent,
les fauvettes qui préfèrent l'obscurité,
les oiseaux de cage qui répondent. Au travail !
Dehors de cette pièce, la fraicheur de la grâce
Repose lourdement sur l’herbe du matin

Je laisse le silence s’installer avant de donner un avis, humble avis, sur le texte.

….

….

Des remarques en instantané (avec un peu de relecture ASO)

Un sentiment de nouveauté pour commencer : des personnages contemporains d’importance: Nixon, Mao, Chou En-Lai, Kissinger. Un événement historique.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Visite_de_Richard_Nixon_en_Chine_en_1972

Les rôles de Pat Ryan et Jiang Qing mis en lumière.

Pour préserver l’intemporel, pour épargner l’œuvre du vieillissement, John Adams proposent des personnages archétypaux (bien content de l’avoir trouvé celui là) : Homme de pouvoir. Meneur d’hommes. Icone. Culte de la personnalité. Contrepoint avec les éminences grises. « First Lady » opposée à femme de pouvoir refusant l’ombre de Mao.

Des actes qui évoluent du fastueux à l’intime. La nostalgie s’imposant lentement dans les échanges.

Je me suis régalé à la découverte de cet opéra, je n’abandonne pas Einstein sur la Plage, pourtant pour mon prochain opéra c’est le commentaire de ASO sur le titre suivant …

« Founders Come First, Then Profiteers»


Stravinsky y est souvent proposé comme référence, voire influence. Mon intérêt grandissant pour la musique du début 20eme siècle, article, étude comparative et documentaire sur « Le Sacre Du Printemps » entraine la question : Stravinsky et l’Opéra ?

À suivre


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire