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dimanche 4 janvier 2015

Les trompeuses ne sont qu'une apparence (Eagles, Hermann Hesse, Franz Liszt)



A chercher des titres de post complètement originaux on s'enfonce souvent dans le n'importe quoi. Pourtant je tenais ici à remplir une page hebdomadaire (Une bosse) alors que j'étais bien en retard sur mes projets de petites chroniques (House music; Modern Jazz Quartet, etc...)

Mais j'avais une idée pas mal à mettre en route et voilà qu'elle va me servir. d'abord à démarrer 2015, mais c'est juste une question de calendrier, le sujet ne s'y prêtant pas particulièrement. A rappeler qu'il n'y a qu'un L à rappeler que mon éclectisme me sert de porte drapeau et qu'enfin rien de mieux que de se fier aux apparences quand on aime les surprise.

Ici le thème, le fil c'est l'idée que l'on se fait, l'à priori instinctif et la drôle de surprise, mais pas mauvaise, la surprise.



Prenons les Eagles. Vers 1975, je tombe sur la pochette, je regarde le nom du groupe, groupe Américain. À l'époque je n'aurai pas dit Californien ou quoi que ce sois d'autre.
Américain, rock, brut.
Il y avait comme un parfum de nature sauvage. De liberté. Après les Loups des Steppes, j'allais écouter un groupe saignant qui survole le tout, l'Aigle royale comme symbole, la touche indienne pour apporter davantage d'eau à mon moulin.
J'achète.
Je regarde: Le voyage du sorcier, jusqu'au limite... Yeahhhh Sounds good
J'étais prêt. Pour me mettre dans le bain, un petit Steppen Wolf, un MC5, un Stooges ... Enduit d'huile de moteur, roulé dans la poussière du parking, une canette de bière à la main...
Je mets un gant pour ne pas salir la vinyle que je pose sur la platine... go go GOOOO

Plongue...

Bon, les premières notes à la base et la guitare qui accompagne, ça prouve rien, c'est bien envoyé.. Le riff pas saignant mais un peu coupant...
Et le chanteur "... One on these nights...."
Ha merde, ça swingue. Je me trouve un peu con. La bière? Même pas fraîche. Je m'assoie ou je danse?

J'écoute.

Et je réécoute souvent. De la bonne country pop, plutôt même pop que country. C'est bien écrit, bien composé, bien enregistré et les mélodies sont telles que ça survole largement les productions qui ont tenté cette récupération que ne me gène pas. Rien ne me gène. OK, on n'est pas à Nashville et que même parfois il y a orchestre...
Le sang ne coulera pas, les aigles n'ont pas faim. Ils planent.


01 Eagles - One Of These Nights - One Of These Nights


02 Eagles - One Of These Nights - Lyin' Eyes


03 Eagles - One Of These Nights - Take It To The Limit


04 Eagles - One Of These Nights - I Wish You Peace



Hé hé, pas de hasard. Le SteppenWolf, j'en parlais plus haut.
Un classique.
Ben quoi, Hermann Hesse, Loup, Steppe.
À votre avis? Un truc à la Corto Maltese, Kessel. L'aventure, les pays où la loi ne règne pas et notre héros solitaire bla bla bla... On doit pas bien être loin des années 30 en Allemagne, terreau idéal pour des extrêmes, Un autre "Heart Of Darkness"?

Hein? Hein?

Pas tout à fait ça, mais quand même et en bien plus fort finalement.

Une bonne part du livre se déroule dans une société bourgeoise typique,  de ce que devaient être les pensées étouffantes interdites sauf à ceux qui se retrouvaient dans des cafés enfumées pour refaire le monde, avec violence. (Lire le Berlin Alexander Platz de Döblin)

Finalement, "notre" loup véhicule dans ce milieu avec une lucidité douloureuse, comme dans un climat dépressif.

Il se déconstruit, se reconstruit en choisissant les morceaux qui conviennent, sans résultat ...

... avant qu'il ne rencontre une femme qui l'entraîne d'abord à danser dans les cabarets pour aboutir dans un théâtre surréaliste où se dérouleront des scènes comme des univers parallèles mais délirants, comme dans un rêve éveillé où tout ce à quoi il aspire lui permet ensuite de finir par un grand rire.

Grandioooose, Magistral.

Et comme tout fini ici avec de la musique, si si c'est pour les mêmes raisons que Hawkwind...

01 Hawkwind - EpochEclipse (Disc 2) - Steppenwolf






Alors, plus récemment, été 2014. Via le blog de Jimmy je tombe sur une présentation enthousiaste de AREWENOTMEN?, un de ces chroniqueurs. Qui nous disait, extrait:

"A la fin, on s’attendait vraiment à voir sortir des volutes de fumée du bout de ses doigts." (Steve Smith, The New York Times, 19 novembre 2007)
.....La force, la précision, la délicatesse, le lyrisme, de "l’ours aux doigts de velours", celui que l’on présente (excusez du peu) comme le nouvel Horowitz ou le nouveau Gilels, ne pouvaient cependant pas m’échapper, même si je persistais à feindre l’indifférence.
Son panache non plus, car il en fallait pour ouvrir en dehors de son pays un récital avec Les Saisons de Tchaikovsky, suite méconnue ici de douze pièces pour le piano, illustrant chacune un mois de l’année. La Mephisto waltz n°1 de Liszt qui suivît fût sublime. Que faire face à une telle évidence, une telle beauté, comme celle que vous inflige parfois une femme réelle ou rêvée ("tu me fais mal, tu me fais du bien.") ? Le romantisme du Prélude opus 32 n°12 de Rachmaninov m’enchanta.
La suite pour piano tirée de Petrouchka de Stravinsky fût un grand feu d’artifice qui illumina le ciel d’une salle à l’audience clairsemée, mais qui dès la dernière note se leva comme un seul homme en déclenchant un tonnerre d’applaudissements. Manifestation d’enthousiasme… à laquelle je me joignis en oubliant ma rancœur ! Satanés Russes… Les cinq rappels qui suivirent créèrent un tourbillon dans lequel je fus précipité en pensant y reconnaître furtivement Chopin et Duke Ellington, mais ils gardèrent, je l’avoue, largement l’aura du mystère. Et le tonnerre gronda à nouveau… Play it loud !


Et en parcourant les titres, je ne sais aps ce qui m'a pris. Je stoppe sur Liszt.
Hors Opéra, je n'ai pas de culture classique. Quelques repères et idées préconçues. Dont l'idée Franz Liszt, c'est vaporeux, c'est évaporé, c'est romantique.
Alors, j'ouvre la porte qui donne dehors, le soleil est à sa bonne place pour de la musique romantique, bouge pas.
De l'air frais, une brise, un verre de vin blanc à la main, je suis seul et accoudé à je ne sais quoi, comme pour les Eagles, je m'étais mis en condition.

Go!! Go?

Une note
Blanc
Une note
Blanc
suivi d'une descente et
Blanc
Note
Blanc

Gravissime

Je m'approche de l'appareil.

Et là, soudain, ça cogne. J'avais oublié. Le piano instrument aussi à percussion.

Je suis scotché, limite tétanisé.

Et ensuite c'est moment de tourbillon, d'accalmie, de fièvre. C'était ça aussi le romantisme, noir et brillant.

J'explore tout ce domaine musicale, mais c'est ma première pièce musicale au Piano qui me fait cet effet au coeur, à l'estomac:

00 Denis Matsuev - The Carnegie Hall Concert - Franz Liszt - Sonate En Si Mineur S. 178


Alors, je me souviens que j'avais pris un album de Richter pour me lancer. Et chance, j'avais sa version



Même coup de poignard.
Les mêmes premiers silences menaçants.
La légende parle de silence allongé jusqu'à obtenir un ... silence pour avancer sur cette oeuvre qui continue à me bouleverser.

Maestro, Maelstrom

Merci

01 Franz Liszt - Sonate Pour Piano En Si Mineur, S.178 (Richter) - 1. Allegro Energico


02 Franz Liszt - Sonate Pour Piano En Si Mineur, S.178 (Richter) - 2. Andante Sostenuto


03 Franz Liszt - Sonate Pour Piano En Si Mineur, S.178 (Richter) - 3. Allegro Energico


04 Franz Liszt - Sonate Pour Piano En Si Mineur, S.178 (Richter) - 4. Andante Sostenuto-Lento Assai



11 commentaires:

  1. Pour le reste de ta chronique je suis un peu (c'est rien de le dire) largué mais pour ce qui est des Eagles j'approuve à tout rompre, l’œuvre de ce groupe est magistrale. Après que ce soit à ranger dans la pop ou dans la country on s'en cogne, leurs albums sont incontournables.
    Hugo Spanky

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    1. C'est vrai que mon fil est un peu gros, mais c'est bien ce que je disais au début, Eagles et Hesse étaient dans ma tête sur ce sujet, le dernier est venu après, le tout fait un peu gloubi boulga, mais avec des morceaux de musiques dedans... quand même, il y a une constance. Ha au fait, le Thunder... Mais ça c'est pour après.
      Sinon, moi les (é)tiquettes j'aime, mais c'est une autre historie. Et Country Pop, pour une fois, c'est pas mal (..Avec des cordes...)

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  2. Bon bon, je mets les Eagles et là, que de souvenirs d'ado qui reviennent, je ne sais pas pourquoi mais on écoutait ça au collège....ça faisait longtemps que je ne les avais pas écoutés mais j'aime toujours autant.... Mais country pop, je ne sais pas...:)

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    1. Disons qu'ils ont bien perçu pourquoi il fallait passer outre le "son" des disques de Gram Parsons Mais c'est une autre histoire à raconter ça.
      Tiens, ce que j'aime chez Eagles, Beach Boys, Carpenters, Michael Jackson .... c'est la fissure derrière la volonté de lisser la musique. Mais ça, c'est mon côté voyeur (Bien sain!!)

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  3. Ce qui me fait penser que je n'ai jamais réussi à voir Lisztomania de Ken Russell avec Roger Daltrey dans le rôle de Franz Liszt.
    Hugo

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    1. Tu fais bien de le dire, je vais essayer de m'en souvenir, j'aime encore les films de Russel, souvent pour tout ce qui agace, mais sa lourdeur me plait... J'ose pas trop te dire qu'avec les mêmes arguments - plus étoffés quand même - j'aime défendre l'ami Meatloaf. Trop n'est jamais trop!!

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  4. Chez les Eagles, j'éprouve des difficultés à dépasser "Desperado", quand j'ai envie de ce genre d'univers, je préfère aller chez Gram. Beau billet, cela dit.

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    1. Merci de ton passage. Nous pourrions rebondir sur ton commentaire pour évoquer la palette inimaginable qu'est l'univers Country, ses carrefours, sa géographie, ses stars ici où là mais pas la-bas, ses rebelles et surtout une musique qui étonne par sa diversité, surtout vu de mon coin de Paris...

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  5. Sur ce thème, un très bon papier chez Ranx
    http://ranxzevox.blogspot.fr/2014/10/20-cts-memories.html

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  6. Très heureux d'avoir pu te faire un grand moment de musique, que nous avons partagé à distance. Les Russes m'ont appris que le piano était un instrument à percussion. Quant à Richter... je pleurerai toute ma vie de ne pas l'avoir vu sur scène. Bravo pour cette chronique !

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    1. C'est à ce moment que j'adore la musique, toute. Qui penserait que ce regret concerne un concert classique de Piano. Et pourtant ... C'est comme au tennis, je te retourne le re-re-merciement

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