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dimanche 28 août 2016

Modest Mussorgsky - Boris Godunov (Version Chostakovich). Boris!! J'arrive


J'ai décidé pour une fois de rester simple dans ma présentation.
Boris est à l'Opéra ce qu'est "Notre Dame" à l'architecture, ce qu'est la "glace Carte D'Or à la menthe avec des morceaux de chocolat" à la glace industrielle. (Autant pour la simplicité, mais je vais m'améliorer)

Si on me demande... demandez moi? - C'est quoi tes auteurs préférés en Opéra?

Je listerai sans hésiter Verdi, Puccini, Rossini, Richard Strauss, Mozart, Wagner, Massenet, Tchaïkovski.
Juste parce que je les ai beaucoup écoutés et pas qu'une seule oeuvre.
Voilà critères objectifs et de coeur aussi.

Mais si je dois citer UN opéra. Alors c'est mon BORIS

À l'époque où j'aborde BORIS j'ai déjà du gout pour le genre Opéra. Et une curiosité qui me pousse à aller voir ailleurs. Je me sais capable de patience pour découvrir puis prendre plaisir.

Donc Boris succédait dans mes découvertes:

Puccini et sa Mouche à Beurre (désolé, tentant, marrant)
Verdi et sa Traviata et son Rigoletto (notez la perche du calembour non saisie)
R. Strauss et Salome LE CHOC

Donc BORIS, que je m'acquiers dans un coffret de luxe.

BORIS c'est tout ce que j'aimais + tout ce que j'apprendrai à aimer.
Je dirai qu'en 1874 Modest propose TOUT ce qui se fait... (Ou presque, si je tombe sur un tatillon)
L'esprit Russe qui assimile les tendances des pays voisins comme cela a toujours était chez ce grand curieux mais qui ajoute son amour du peuple.
(Le peuple comme un tout, hélas pour lui, pas comme une société d'individus à considérer. Trop long à expliquer)

Rien que ce prologue, grandiose, qui joue mieux que je ne raconte. Et déjà ce renversement de cliché: de grands rôles pour la BASSE.

J'étais conquis mais devais avoir d'autres périodes d'écoutes....



001. Modest Mussorgsky - Boris Godunov (Version Chostakovich) Cd1 -  Prologue - Prologue



Je vous aurai volontiers pris une image tirée du film de Zulawski, dommage que cela soit vite mis sous la cloche des protections de droits. Dans ce cas particulier, cela pouvait faire office d'accroche pour acquérir le film et/ou découvrir ce fabuleux Opéra. Tant pis.

Surtout que la vision de Zulawski montre bien ce que j'ai qualifié de "trop long à expliquer", partie absente de l'extrait du Youtube existant. Nous y voyons un peuple en adoration mais criant son malheur tout en chantant ses louanges au "père du peuple" tandis qu'il se fait molester par des soldats pour motiver davantage sa ferveur.
Et pourtant, sa vénération est sincère et son malheur aussi.
Tout un paradoxe que l'on retrouve dans de nombreuses évocations de la Russie.

.........

L'autre grand moment qui m'a de suite séduit, c'est le duo Marina Dimitri...
Séduit car, moi, venant surtout de l'Opéra Italien...




001. Modest Mussorgsky - Boris Godunov (Version Chostakovich) Cd3 -  Act 3 - Scene 2 - How Long And Agonizing


Bien avant que Zulawski, s'en mêle, j'y entendais un air qui finissait exalté. J'imaginais une mise en scène pleines d'images guerrières où Dimitri poussé par Marina prenait la tête d'une troupe pour reconquérir son trône*

(* Rappel culturistorique: Nous parlons d'un imposteur qui fini par croire à son propre délire)

Puis vint la vision de Zulawski. Qui en savait davantage sur les intentions de Modest. Dans cette partie de l'Opéra Mussorgsky pastiche des airs d'Opéra Italien pour marquer le ridicule, la vanité de Dimitri, en plein délire grotesque partagé par sa maîtresse.
Et ça, Andrzej,
l'a bien compris dans sa représentation ... Et ce n'est pas la nudité qui devait l'arrêter ;-)
mais la qualité musicale est telle, que malgré ses intentions, c'est une scène superbe. Pendant un instant nous partageons la fièvre du moment.

J'ai rapidement adoré et continue. Je ne m'en lasse pas.
La suite. C'est seulement après d'autres écoutes...


Je passais d'abord souvent sur l'acte 1 qui se déroule dans un monastère. Modeste.
La musique s'écoulait, moi je glissais dessus en pensant ne rien y pêcher.

Mais il y avait cette vague lancinante.

001. Modest Mussorgsky - Boris Godunov (Version Chostakovich) Cd1 -  Act 1 - Scene 1 - Beginning
Et puis un jour sans m'en rendre compte cela devenait une partie où j'aimais revenir.
Oui, une oeuvre de près de quatre heures ne s'écoute pas toujours d'un trait.
Cette vague en introduction avait - a -  ce don d'apaisement que j'apprécie parfois. Alors j'y reviens puis me laisse porter par le chant de Pimen.
Une basse, encore.

002. Modest Mussorgsky - Boris Godunov (Version Chostakovich) Cd1 -  Act 1 - Scene 1 - Hust One More Final Story
Et me voici aussi à savourer l'échange du moine et de Dimitri

003. Modest Mussorgsky - Boris Godunov (Version Chostakovich) Cd1 -  Act 1 - Scene 1 - Oh Lord, Strong And Righteous
Je commence à  savoir entrer dans des constructions plus complexes. La musique riche toujours mais au service de l'échange entre les personnages. Une musique qui doit refléter les intonations, les intentions cachés ... Ce qui au début a tendance à nous laisser de côté puisque pas d'air majeur pour s'y agripper.

Et toujours ces voix, ces basses....

004. Modest Mussorgsky - Boris Godunov (Version Chostakovich) Cd1 -  Act 1 - Scene 1 - Do Not Complain, Brother



001. Modest Mussorgsky - Boris Godunov (Version Chostakovich) Cd3 -  Act 4 - Scene 1 (Final Version) - Oh! I Can't Breathe!

Et puis il y a eu ce coup de poing à l'estomac, la poitrine oppressée et le coeur serré alors que ma respiration s'oublie.
Pas de suite, pas à la première écoute.
Mais aujourd'hui, ce chant - comme le chant d'Otello avant de mourir et celle d'Isolde - me transporte dans des zones de blanc et de noir, de vie et de mort, où l’étanchéité se fissure pour mon bonheur malheur.

La force d'évocation est telle, les souvenirs se matérialisent pour un fugitif moment ... que je ne sais pas finir cette phrase.

Trop sensible

Je reviens pour finir ...



... sur Mussorgsky ... CE génie. Comme ça, des extraits, irrévérencieux pour l'intégrité de l'oeuvre. Mais pour un pari de plaisir possible.

001. Modest Mussorgsky - Boris Godunov (Version Chostakovich) Cd2 -  Act 3 - Scene 1 - Beginning - By The Skyblue Waters Of The Vistula
003. Modest Mussorgsky - Boris Godunov (Version Chostakovich) Cd3 -  Act 4 - Scene 2 - It's Not A Falcon Flying In The Heavens.mp3
004. Modest Mussorgsky - Boris Godunov (Version Chostakovich) Cd3 -  Act 4 - Scene 2 - Hey, Ho!.mp3
005. Modest Mussorgsky - Boris Godunov (Version Chostakovich) Cd3 -  Act 4 - Scene 2 - March.mp3


Et le simplet de conclure la terrible histoire de Boris.


001. Modest Mussorgsky - Boris Godunov (Version Chostakovich) Cd3 -  Act 4 - Scene 2 - Flow, Flow, Bitter Tears!


Maintenant, je veux aller voir sur place ... je vous laisse avec les sentiments peints par Modest Mussorgsky, tandis que je voyage pour trois semaines vers la Russie. 
Je quitte le 2 et reviens le 22 septembre....

À bientôt

PS: pour les accrochés, je reviendrai avec  la version remaniée par Korsakov et dirigé par Karajan. mais celle de Tchakarov est ma première et ça compte.



5 commentaires:

  1. Je l'ai en film, mais c'était un peu éprouvant à regarder.

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    1. éprouvant parce que la qualité? Parce que l'opéra ou bien aussi, peut-être, parce que Zulawski, pourtant - hum - plein de retenue quand on le connait.

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    2. Plein de retenue, en effet... Non le pire c'était la qualité VHS, fallait s'accrocher pour suivre.

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  2. Bon, déjà, bon voyage.

    La Russie, j'y suis allé pour un voyage musical avec des élèves (St Petersbourg) souvenir inoubliable tant de pression que de rencontres et de musique car là bas... brr...

    Ensuite, ce Boris...
    Mon premier prof d'analyse musicale et en même temps culture musicale disait qu'il y avait 5 opéras essentiels dans l'histoire.
    L'orféo / Fidelio / La Flute Enchantée / Boris / Wozzeck.
    Et il glissait en bonus Tristan.
    Avec 10 c'était plus simple, mais il était challenger et j'ai su par la suite qu'il faisait les chaises tournantes autour de la Flute...
    ça devenait, Mme Butterfly, Les noces de Figaro, Tristan ou Parsifal, Falstaff puis Don Carlo, et un jour ce fut Turandot - mais les autres ne bougeaient jamais.
    C'était un professeur érudit, un grand passionné, un homme qui savait faire entrer dans une oeuvre, la faire comprendre et l'accepter.
    Il ratissait contexte, société, époque, anecdotes, analyse de dessus comme microscopique, le tout avec une verve charismatique.
    Il s'appelait André Tissot et on n'était pas toujours cools avec lui (surtout en solfège - cf mon dernier article), sauf quand il embarquait dans un voyage comme celui qu'il nous fit faire avec Boris...
    Là, la salle de cours n'existait plus, tu fermais les yeux, écoutait tant son savoir que le disque, notait tout ce qui était susceptible d'être emmagasiné et, de plus, il était capable de te faire avaler en un mois et demi l'oeuvre entière en te passionnant pour celle ci.

    L'opéra...

    Allez, bon voyage et reviens avec plein de musiques, là bas c'est l'une de leurs grandes richesses que cet art et ils la jouent avec un niveau, mon Dieu, à faire pâlir...
    Comme cette immense pianiste géorgienne, par exemple dont le jeu ne peut que rendre Modest(e)... et que je recommande vivement à tes oreilles délicates et avisées.
    http://www.khatiabuniatishvili.com/
    http://www.arte.tv/guide/fr/063646-000-A/khatia-buniatishvili-a-kiev

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    1. Amusante cette liste "L'orféo / Fidelio / La Flute Enchantée / Boris / Wozzeck." qui abandonne vite les Italiens. Et terrible ce jeu qui consiste à limiter. À moins qu'il y ait une volonté de brasser le lien temps/évolution?

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