Ha mes bons vieux potes que sont ces musiques, ces musiciens.
Pour vous dire, quand j'écoute de la musique et que je dois m'éloigner pour faire quelque chose de fortement physique, impliquant et faisant jouer tous mes muscles, tel ranger la vaisselle, brosser les dents ou refaire le lit, je coupe la musique.
L'idée est de ne pas en perdre une miette.
Sauf à passer des oeuvres que je connais, sauf...
.. certains jazz. C'est tout le contraire, j'adore saxo, trompette, piano ou trombone (la liste vraie est plus longue) ils m'accompagnent tout le long et remplissent l'espace, les pièces, mes gestes.
En moins énergiques, je fais le Jerry Lewis qui imite, les gestes quotidiens deviennent ici swing, là bop.
Fini le morceau de salade, lit au carré et cuisine bien nette!!
Hein? Oui, pardon.
Au départ et pour m'attarder sur Dexter je pensais à un album dont la pochette se distinguait de l’esthétique habituel du genre:
J'avais préparé tout un laïus un peu moqueur, mais à l'écoute de...
Le rouge que je ne m'étais pas servi me montait au front et je décidais de m'écouter l'album tout en abandonnant ma chronique qui restera à jamais rangée au fond de ma mémoire à oubli.
Mais alors?
Et sur un titre comme ça? Je suis nombreux à me poser la question, quelle activité domestique sur ce titre? L'abandon! Sur ces accroches sentimentales je décide de ne rien faire ou d'abandonner ou d'oublier ce que j'allais faire.
J'écoute, parfois debout, parfois un peu agité, pas trop.
Parfois.
En avançant dans mes lectures cultivées et encyclopédiques, à la recherche du truc que vous le saviez même pas que c'est vrai, je tombe sur cette anecdote.
La rythmique qui joue pour Monsieur Gordon
Je précise:
À la bass: Paul Chambers
À la batterie: Philly Joe Jones
Au piano: Kenny Drew
Se retrouvent sur
Ha oui!! On bouche pas mal de coins avec cette information.
Et pourquoi pas?
Sur mon fleuve, sur mon fil qui suit les jazzpeople via leurs dates de naissances je redoute l'année 1926 qui entend les premiers gémissements de John Coltrane et de Miles Davis.
Chacun jouant dans leur couffin leurs premiers solos qui feront dire aux infirmières
- Nous assistons aujourd'hui à la naissance des plus grands artistes de jazz, louons le seigneur qui nous fera un prix
Je redoute car pénétrer leurs oeuvres c'est s'interdire de quitter ces arrêts portuaires (tentative de recoller à ma métaphore).
Alors je profite de Dexter Gordon pour approcher Coltrane dont le titre du disque a ceci d'énervant que je l'écris toujours "Blue Trane", victime du jeu de mot.
Mais aussi.
Hasardeux?
En découvrant lentement ces deux albums - car le Coltrane à ma grande surprise m'était inconnu alors que l'évocation du titre m'était familière - je craignais comparer, mesurer, juger.
Même sans légitimité, l'émotion d'écoute est un juge qui se moque des conventions.
Mais en fait non, ouf.
Juste la surprise de l'ouverture de "Blue Trane" (haaargh) "Blue Train" qui fait penser
- C'est quoi déjà ce générique de série américaine?
Ensuite je sais me réchauffer auprès du saxo de Monsieur Gordon
Il me fait penser à ce cocktail Gin et morceaux de concombre. Très frais comme son jeu, pourtant rapidement c'est la chaleur qui l'emporte à ma grande surprise, surprise la première fois, ensuite je parlerai plutôt de recherche de surprise.
Je finirai ce petit tour sur ce titre de Coltrane qui m'a un peu paniqué ce matin
Rien de grave mais cette même panique quand vous oubliez le prénom d'un copain de vieil date, des noms de maladies à fautes d’orthographe se matérialisent soudain.
J'écoute donc "Lazy Bird" et soudain
- C'est quoi? C'est quoi? de la trompette? Du trombone? Non? Du saxo? J'écoute qui? Coltrane? Hein, je ne sais plus reconnaître l'instrument...
- Ha ça, c'est du piano, step by step, pas de panique, je vais y arriver
et enfin soulagement.
Effronté, fulgurant, hyperactif... Ouf grâce à Coltrane je retrouve le saxo.
Pas fini la ballade avec Dexter Gordon. Pas pressé non plus d'ailleurs.
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