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dimanche 26 avril 2015

Ce matin abandonné, j'ai rencontré ... (SMAC#04)

(Non, je n'abandonne pas ma descente du fleuve Jazz, aujourd'hui moins que jamais. Et n'oubliez pas que je drop & box pour ceux qui souhaitent davantage, une simple adresse mail et...)


Je viens de comprendre le phénomène de l'écoute privilégiée d'un certain Jazz, la nuit. Cette découverte? Un matin, expérience renouvelée aujourd'hui, j'ai soudain eu la révélation.

C'est toute une panoplie de circonstances qu'il faut réunir: la plupart d'entre nous connaissons la fatigue cumulée mais apaisante qui nous pousse vers le fauteuil. Une nuit noir, peu de bruit extérieur, nous pouvons même ouvrir la fenêtre.
Encore un peu de courage.
Juste se lever, se servir un verre et écouter "Lonely Woman" repris par le Modern Jazz Quartet. Et puisque la technologie nous le facilite, on enchaînera à la volée la version de Coleman.



004 The Modern Jazz Quartet - Lonely Woman - Lonely Woman




008 Ornette Coleman - The Shape Of Jazz To Come - Lonely Woman




Et quoi ces nuits? Pas facile à résumer et pas toujours utile, surtout que dans ces moments là, c'est juste que l'on voudrait oublier le reste, juste écouter.

Abandon.

Voilà, ces nuits, ces états, nous cherchons l'abandon, que la vie nous oublie un peu, nous écoutons Ornette et c'est bien.

Abandon!!

Aujourd'hui, quand j'ai mes matins tranquilles, comme les dimanche matin, je me lève et traîne en regardant sans voir les objets que je suis maintenant seul à regarder.
Je me sens abandonné (Non, John!! Pas Johnny).

La première fois que j'ai eu ce sentiment, j'ai eu un drôle de réflexe, je me suis mis un John Lewis.
Jamais je ne me passais du jazz dans la salon à cette heure de la journée. Jamais.

J'ai ressenti quelque chose d'étrange, l'inverse d'un choc mais avec effet similaire. Mon corps et mon esprit avaient changé de résonance.



001 John Lewis - Grand Encounter - Love Me Or Leave Me




002 John Lewis - Grand Encounter - Easy Living




003 John Lewis - Grand Encounter - Skylark




J'ai ensuite pensé, quand l'idée de penser m'est revenue, j'ai pensé à une nouvelle de Raymond Carver, une nouvelle reprise dans le film d'Altman "Short Cuts".
Un sentiment dans l'écriture que je n'ai pas retrouvé intact dans le film.

Je résume.

Un couple, leur enfant se fait écraser par un automobiliste alors qu'il faisait du vélo près de la maison. Le jour de son anniversaire.
Cette journée dramatique est ponctuée d'appels téléphoniques incessants. Pour finir par décrocher et entendre le boulanger se plaindre que le gâteau d'anniversaire est là, à attendre;
La mère bouleversée se transforme en furie et court chez le boulanger pour ... elle même ne sait pas.

A l'arrivée, elle raconte et s'effondre.

Le commerçant l'entraîne dans l'arrière boutique, la fait asseoir, lui dit juste "goûtez ces petits pains, ils sont tout frais"
Elle mange, elle pleure ... lui n'ajoute rien, il a fait les petits pains.



Ce premier matin là, John Lewis jouait ses petits pains. Et moi je me suis assis en le remerciant mentalement, en espérant dans ce moment irrationnel, mystique, que cela pourrait l'atteindre, là où ils seraient tous.

Dans ce délire, je me retrouve à me désoler d'avoir oublier ceux qui l'accompagnent, pour vous dire le degré d'intimité qui se dégage de cette musique.

Voilà, c'est ma découverte. Ce matin je la tente encore et j'obtiens ce même moment étrange, sentiment qui s'installe tandis que je boucle cette chronique.

Sur ce long fleuve pour l'instant tranquille, ma prochaine escale sera notre Charlie Parker. Mais je n'en ai pas fini avec M. Lewis. Il me faudra bien revenir parler de Django et même de Sacha Distel. Un monument comme Parker pourra attendre.

En attendant, écoutez, c'est tout frais.



005 The Modern Jazz Quartet - Lonely Woman - Belkis




006 The Modern Jazz Quartet - Lonely Woman - Fugato




007 The Modern Jazz Quartet - Lonely Woman - Trieste


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