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samedi 16 avril 2016

Des airs d'Opéra, avant de passer à l'Opéra. Partie 1: Mon fiston et moi


Ce que l'on trouve chez les amateurs de musique c'est cette volonté de faire partager, une quête souvent désespérée, comment en une seule écoute accompagnée de commentaires passionnés et ses moulinets du bras, ces gestes amples pour que le pauvre auditeur qui finalement à peu l'occasion d'écouter, s’approprie en quelques secondes ce que l'enflammé a mis plusieurs - peut-être - jours pour aimer.

Les amoureux d'Opéra sont de cette catégorie, en pire peut-être. Pire car ils trouvent rarement une oreille attentive sauf quand il croise un autre amoureux, mais le plaisir est différent. Il cherche à obtenir de nouvelles adhésions.

À moi.

Ma famille, mon petit cercle, n'était pas trop accrochée à l'Opéra, ce n'est pas faute d'en avoir passé dans le salon, mais voilà, le mieux est l'ennemi du bien.

Et pourtant, des exceptions.

Mon fiston en aime trois. Oui... Trois. Un Italien, un Allemand et un Français. Génération Europe.

Mon entrée dans cet univers est passé par les airs, des extraits, il ne faut pas s'interdire cette façon de présenter. Car un Opéra en entier... On en reparlera.

Par exemple:







Carl Maria Von Weber - Der Freischütz, 1821, Enregistrement Dir Kleiber

001. Carl Maria Von Weber - Der Freischütz Cd2 -  Vierter Auftritt - N° 10 Finale - Milch Des Mondes Fiel Aufs Kraut !.mp3




Nécessaire de raconter le contexte: La nuit, au fond de la Gorge Au Loup, le malfaisant a rendez-vous avec Satan pour forger sept balles magiques. L'occasion d'apprendre à compter en Allemand de 1 à 7, suffisant pour compter les nains.

Que vous dire. L'orchestre prend une place importante, en avançant dans ce long extrait, nous en sommes récompensés.

À la 12eme minutes... oui, juste être patient ou déjà goûter les élans musicaux et se familiariser avec le chant ...
J'imagine que Jordan, mein Sohn, était sous l'emprise de cette légende pleines de maléfices.
Les dernières minutes, lors du compte des balles magiques, c'est du Kolossale...

Si le chant Opératique, rebute, ici il laisse une place majeure à la musique... Du cinémascope en noir et rouge.

Et parfois, pour tricher et faire aimer le genre, l'astuce c'est de proposer une ouverture, surtout quand elle a cette puissance.

Grandiooooose

001. Carl Maria Von Weber - Der Freischütz Cd1 -  Ouvertüre.mp3



Ha ha ha ... oui, je me souviens d'une représentation du Freischutz dans une mise en scène ... hum ... moderne. La Forêt, la terrible Forêt, transformée en arrière salle de boutique électro ménager. J'exagère un peu? Oui. À la hauteur de notre déception.


Sinon, un autre... Tiens encore question du..


Le revoilà, personnage de cauchemar pour faire trembler. Il faut ensuite du talent pour leur donner des airs à la hauteur du frisson.

Jordan a ou avait ses préférences. Je pense qu'il penche pour notre copain Satan... Ha la la, la jeunesse.

Sur le Faust de Gounod, le chant et la mélodie l'emporte. Des chants, que dis-je, même des chansons, à fredonner sous ce que l'on veut.
Pour Mephisto, pas de doute:

Charles Gounod - Faust 1859 Dir Cluytens

001. Charles Gounod - Faust Cd1 -  Le Veau D'or Est Toujours Debout!



Cet opéra, un des plus grands, est une, pardon je m'emporte, peut être une entrée en matière pour trouver un accès à cet univers, à ce cosmos musical (Je m'emporte encore...)

Il offre des airs pour les basses, si vous avez écouté "Le Veau d'Or" Mais aussi des airs pour ténor. C'est ce type de chant de force qui m'a en premier touché. 

Comme ici, pour ce final où le ténor montre alors ses petits muscles, qu'il bande pour pousser la NOTE qui vous transperce comme une lance de lumière. 
"Où se devine la PRÉSEEEEEEEEEEEENNNNNNNNCE...."

001. Charles Gounod - Faust Cd2 -  Quel Trouble Inconnu Me Penetre...


Et les dames, alors? Mais oui, mais oui... même si il faut oublier un peu ce que Hergé a fait de cet air dans ses oeuvres. SATANé Hergé.
Et pour le finale? Oui, une petite note aussi? Oui.

001. Charles Gounod - Faust Cd2 -  Un Bouquet!... O Dieu! Que De Bijoux!


Oui, mais, il n'y a pas...??
Si, si, bien entendu, c'est un Opéra où l'on danse...

001. Charles Gounod - Faust Cd3 -  Danse Antique (Orchestre)  Ballet -5act
002. Charles Gounod - Faust Cd3 -  Variation De Cleopatre (Orchestre)  Ballet -5act
003. Charles Gounod - Faust Cd3 -  Les Troyennes (Orchestre)  Ballet -5act
004. Charles Gounod - Faust Cd3 -  Variation Du Miroir (Orchestre)  Ballet -5act
005. Charles Gounod - Faust Cd3 -  Danse De Phryne (Orchestre)  Ballet -5act


Enfin, enfin....



Giacomo Puccini - Turandot 1926 Dir Molinari-Pradelli


Bon, celui ci, reste un de mes préférés quand j'ai besoin de me ressourcer. Oui, oui, vous allez peut-être ressentir, en tout cas comprendre.

Lui, nous l'avons regardé aussi ensemble, enfin un spectacle qui assurait l'imagerie d'une Chine de légende fantasmée: Une princesse cruelle, une esclave amoureuse qui se sacrifiera, une énigme ... et des ensembles monumentaux.

Rien que cette partie, que je me passe et repasse encore. Tout y est:
Le chant féminin, amoureux, émouvant et l'orchestre comme un écrin...

001. Giacomo Puccini - Turandot Cd1 -  13. Signore, Ascolta!



Suivi de l'entrée du ténor, solennel, imposant, viril, olympien... et toujours la note qui tue

001. Giacomo Puccini - Turandot Cd1 -  14. Non Piangere, Liu!



Et un ensemble à couper le souffle, où notre ténor trouve tout de même le moyen d'imposer son chant... Pousser le volume sans plus le baisser ensuite!!

002. Giacomo Puccini - Turandot Cd1 -  15. Ah! Per L'ultima Volta!


Et puis il y a des airs qui abandonnent leur cadre pour devenir des emblèmes. 

Ici, c'est Franco Corelli, le seul ténor que je connaisse avec ... un seuveu sur la langue. 

Je décide tout de même de laisser l'introduction, cela rend la "chanson" plus pénétrante, plus cinématographique

001. Giacomo Puccini - Turandot Cd2 -  09. Cosi Comanda Turandot
002. Giacomo Puccini - Turandot Cd2 -  10. Nessun Dorma!


Comment oublier un de mes premiers émois..

001. Luciano Pavarotti Zubin Mehta, London Philharmonic Orchestra - Pavarotti's Greatest Hits [Disc 1] -  Puccini, Turandot - Nessun Dorma



Reprenons le cours de l'histoire
Le sacrifice de Liu

Dernière composition de Puccini qui mourra ensuite sans finir son oeuvre. Un de ses disciples proposera une fin.

Toscanini lors de la première, se tournera vers l'audience, leur indiquera que "...c'est à ce moment là que le Maître a interrompu sa création, la mort cette fois fut plus forte que l'art"
Suivi d'un silence. Toscanini ne jouera pas le final

Cet Opéra a sa propre légende maintenant

001. Giacomo Puccini - Turandot Cd2 -  15. Tu, Che Di Gel Sei Cinta




Mais il fallait, le fallait-il? Finir sur un final, le final d'Alfano en reprenant les thèmes et en les magnifiant si cela était possible, oui, en poussant à son maximum l'orchestre, les choeurs, les coeurs!!

001. Giacomo Puccini - Turandot Cd2 -  20. La Mia Gloria E Il Tuo Amp
002. Giacomo Puccini - Turandot Cd2 -  21. Diecimila Anni Al Nostro I


24 commentaires:

  1. J'écoute beaucoup de classique moi aussi (et notamment un petit blocage sur Rachmaninov depuis quelques jours ;p). Mais du coup ton papier me rappelle la fois où mon fils (qui était à l'autre bout de la maison) était arrivé tremblant comme une feuille, effrayé qu'il était sous la voix magistralement caverneuse et menaçante de Parsifal dans l'opéra de Wagner ;))

    Mais sinon, je n'ai jamais compris ce rejet au sujet des opéras et du classique en général, car comme tu dis quand on aime la musique, c'est une vraie délectation, c'est complet. Y a tout dedans. Etn merci pour Puccini, je ne m'étais jamais encore pencher sur son cas, je vais écouter ça au calme ;)

    Sylvie

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    1. Et je ne t'aiderai pas à comprendre. J'ai une amie qui aime beaucoup de musiques, son CV: costumière de ODEURS (le groupe), amoureuse de Léonard Cohen, fan de Mozart et qui m'a entraîné dans des concerts classiques. Elle a des discours éclairants sur la peinture, elle a un goût sûr pour critiquer ma nullité en harmonie de couleurs etc... L'Opéra, elle n'y arrive pas et me dit que c'est définitif, que ses goûts sont affirmés, ça la crispe. Je pense à un blocage sur le chant - ça frise la palissade - trop forcé? Je ne sais pas. Et pourtant, j'essaie, je triche, en bruit de fond, subliminal... si on déteste les "hurlements" forcés des opéras, il y a matière à s'en échapper?
      Mes blocages à moi: le Wozzeck je l'écoute mais rien ne se passe et SOLDATEN mais lui même l'écoute me rejette, j'ai même attaqué une version spectacle filmée... mais rien à faire.
      à suivre, de près!!

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    2. J'aurai du ajouter: en m'envoyant une adresse mail à lusdevant AT yahoo POINT fr, je peux te faire des drop et t'envoyer par exemple le TURANDOT en MP3 dans une compression correcte...

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    3. Je parle du rejet chez les autres hein, parce que moi j'aime beaucoup ;) J'ai même eu la chance de travailler comme maquilleuse à l'opéra de Montpellier, et d'assister aux répétitions et filage, c'était extraordinaire. J'ai même pris beaucoup de plaisir devant des opérettes, alors que je détestais le genre (sans même le connaitre pour être honnête). Mais tout est là, même quand on se dit ouvert, on se construit tellement de barrières... c'est dommage, parce qu'on ne peut pas aimer l'art, la musique etc... et être si réfractaire au classique, ça me dépasse. Moi mon pêché mignon, c'est l'Empereur de Beethoven ;)) Et l'intégrale de Mozart ^

      (merci pour le lien je t'envoie un message)

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    4. Je te rassure ton commentaire n'était pas ambigu, j'avais bien compris que tu n'étais pas réfractaire. Sinon, sympa d'avoir travaillé dans cet univers, c'est un peu ce qaue je regrette, un peu seulement, mon milieu à moi, la finance, en est très loin. Mais on y rencontre des gens et on se fait des amis et on fini par parler ... musique ... Il faut dire que je suis "informaticien" et que ce métier pendant longtemps attirait de tout sauf des vocations ;-) Un de mes amis que j'ai connu dans ma boite a monté sa structure musicale: cours de guitare, concert etc.. Comme quoi. Mais bon, Travailler à l'opéra, ça doit être autre chose, n'est ce pas PascalGeorges ... tu verras, un autre blogueur amoureux de musique, mais musicien, mais enseignant en musique avec un parcours... à lire ici:
      http://lifesensationsinmusicii.blogspot.fr/

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    5. (j'ai noté, l'empereur, tu as réveillé ma moitié Corse!)

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  2. Infliger de la musique classique à des enfants, c'est le comble de la cruauté ! Un petit concert d'AC/DC, je dis pas… mais du classique !!!!! ;-)
    Je m'en vais de ce pas te dénoncer à la DASS !

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    1. Vite ... il est sur sa 32eme année ... et lui ne porte pas de culotte courte!!

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    2. … et même pas une petite casquette avec des cornes rouges ?!?!? ;-D

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    3. Effectivement, là, j'ai un doute... Comme les frères Larre

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  3. merci !!!!
    que de découvertes.
    Une approche sympathique car subjective, donc sans doute pas exhaustive, mais on s'en fout parce que pour une première approche il faut être ouvert et que se fader des pages d'historiques peut être rebutant.
    un choix (du fiston ou non) vraiment intéressant, le premier m'a beaucoup plus par son emphase, le côté "je te colle la fin et le début et tu vas prendre des claques" fait du bien, on est directement dans le bain et les morceaux "valent" par eux-mêmes.
    le gounot avec un côté plus dansant, plus abordable donne à écouter différentes approches de l'Opéra et là encore ça donne envie.
    je n'ai pas encore écouté le troisième (juste le premier extrait) car j'ai eu un peu peur du "trop, trop vite".
    bref, encore une fois merci pour ce premier pas.

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  4. OK, l'opéra, tu y vas une fois et c'est souvent définitif, tu es addict ou..; tu tenteras désespérément toute ta vie de comprendre pourquoi ça ne prend pas.
    c'est schématique, mais souvent réel.
    puisque tu as l'amabilité de citer mon blog, l'opéra, je te fais un peu de chronique de vie, j'y suis entré très jeune, pour cause, j'était en choeurs d'enfants à la maîtrise de l'ortf et j'ai eu la chance inouïe à l'age de 10 ans de monter sur scène opéra Garnier pour chanter les choeurs d'enfant de... la femme sans ombre de Strauss, le chef était à l'époque Karl Boehm...
    je sais que cela a tellement compté dans ma vie pour me mettre sur la voie de la musique - je sais que peut être sans cela je ne serais pas musicien aujourd'hui.
    j'ai bossé et bien gagné ma vie, par la suite, de l'opéra (tournées nombreuses dans les années 78/84 avec la maison de la culture de la corse - noces de figaro, barbier de séville, mme butterfly, bohème, et tant d'autres) et je sais lui avoir tourné le dos pour le jazz croyant trouver un "public" plus ouvert, moins obtus, moins "bourgeois"...
    je me suis gouré, ce n'est ni mieux ni pire, juste pareil.
    partout les mêmes oeillères, les mêmes comportements obtus, la même intello attitude.
    mais je reste un adorateur de l'opéra et pire je l'aime sans avoir le réel besoin de connaitre le synopsis, la musique me suffit en elle même.

    l'autre fois je faisais découvrir à l'une de mes élèves que j'ai en tutorat en cours d'orchestration/composition comment Puccini (Bohème, Turandot et tant d'autres Tosca) créait l'émotion par un procédé orchestral consistant à faire jouer la mélodie à l'unisson du chanteur mais octaviée par rapport à sa tessiture. ex : ténor, mélodie violons sup, soprano, mélodie cello ou en médium...
    le soliste chant use de variations tandis que l'orchestre joue la mélodie dans son infinie simplicité de propos...
    des yeux se sont ouverts, un esprit s'est éclairé... il faut révéler l'évidence même quand elle est évidence.
    puccini, là tu touches ma fibre hyper sensible... indéfectiblement.

    l'opéra c'est le seigneur des anneaux (Wagner et la tétralogie...) et star wars, grand orchestre effets spéciaux, spectacle théâtre, amour, déchirement, pleurs, sentiments, intrigue... la vie quoi, mais en kaléidoscope sonore...
    je n'y vois aucune torture, mais du mythe, de la légende, du rêve...
    j'écoute tristan et je décolle, Wozzeck tu m'en as parlé et tu connais mon addiction pour l'école de Vienne, mais oublie l'histoire, oublie Berg, écoute la version d'Abbado et là, qui sait... sans rien d'autre que la seule musique...

    l'opéra c'est frisson garanti et ce ne sont pas mes enfants qui te diront le contraire - ils y ont été biberonnés autant qu'avec AC/DC ou Purple/Zep ou JBrown ou Bird - pourquoi toujours faire des cloisonnements, des barrages, des diktats musicaux et culturels... au lieu de juste ouvrir son esprit.
    ces discours sont malheureusement comparables à cet obscurantisme qui détruit les êtres sur cette planète - l'intolérance d'esprit qu'elle soit musicale culturelle ou religieuse est à mon sens sur la même échelle de regrettables non valeurs.
    il y avait écrit derrière chaque je suis charlie un message de tolérance...
    la musique ne devrait être encadrée d'intolérance.

    allez, je me mets la tosca... je vais encore avoir la larme à l’œil, franchement pas cool, mais bon, tellement chargée d'émotion sincère...

    merci à toi Antoine pour ce billet en forme de dico amoureux de l'opéra... tu devrais en écrire un tiens...
    à +

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  5. Cet obscurantisme est souvent dû (chez certains) à une peur de ne rien comprendre, de se dire que c'est réservé à une élite. Combien de fois j'ai entendu "je ne vais pas dans les musés, je comprends rien à l'art" et pareil pour les opéras etc.. Alors qu'il n'y a à "comprendre" que ce dont on a envie, il s'agit avant tout d'émotions. Ca provoque toujours quelque chose...

    @Devant je ne comprends rien à dropbox, j'ai reçu une failure notice ;))

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    1. Je suis en déplacement, mais je vais dans ce cas te trouver une solution différente, jeudi ou Vendredi... Pour OPERA IMAGINAIRE je dois regarder si j'ai bien tout cabler, c'est peut-être de ma faute

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    2. je comprends tout à fait et connais cet argument par cœur.
      on me le ressert depuis environ 40 ans que je bosse dans l'enseignement artistique.
      et je le démonte à chaque fois...
      je ne commente pas pour ça et je n'écris pas d'articles pour contrer ça d'ailleurs, mais je me permet, (désolé Antoine de le faire ici) de m'expliquer.
      Cette peur est devenue malheureusement une certaine prise de pouvoir politique culturelle sur le paysage français, elle est même devenu une auto-justification, une sorte de passeport "politique" argumentaire - elle a terminé par mettre en place des élus qui confondent culture et animation sous ce prétexte d'à priori élitistes, elle fait fermer les écoles de musique et conservatoires de France car jugés lieux d'enseignement élitistes.
      Ce n'est pas élitiste que de faire de l'art (et pas uniquement de la musique...) métier, c'est juste normal, légitimable et souvent mû par une passion - comme cuisinier, boulanger et tant d'autres métiers que l'on choisi.
      l'élitisme n'a pas à entrer en compte là dedans, c'est juste les discours politiques qui imposent cette vision et les oeillères de certains que je continue à qualifier d'obscurantistes qui de façon irresponsable empêchent l'ouverture des esprits.
      Ecouter de l'opéra ou ACDC quelle différence ?
      Derrière ce genre de raisonnements qui se voudrait comparatif il y a en extrême je le concède, mais en réalités tout de même Palmyre, le rejet de l'art considéré comme subversif et l'intolérance la plus vérifiable possible.
      le droit du choix et la liberté de tout à chacun sont juste et très exactement là, sous de tels propos... en parfaits surlignage d'intolérance quant à la liberté non d'expression, mais d'être.
      Que l'on aime pas l'opéra ou la musique classique, c'est un droit que je ne mettrais pas en cause, après tout, parce que justement on a aussi ce droit, mais que l'on s'autorise à interdire ou estimer ces musiques comme tortures alors qu'elles doivent faire partie du paysage éducatif sont des paroles qui n'ont pas à être prononcées.
      pourquoi ?
      Parce que si l'on veut de la diversité sociale, des choix, de la liberté et des êtres en capacité de réfléchir donc de faire progresser notre société on doit prendre en considération la culture sous toutes ses formes comme un acte citoyen et non s'autoriser à la réduire à ses seuls choix et affinités.
      Mon quotidien c'est ça...
      et croyez moi que c'est un quotidien lourd, très lourd, car la défense de la culture dans le vecteur éducatif est une action de toutes les heures...

      Je suis contre le monopole cultureux mais je suis contre l'à priori qui sous caution des justificatifs que vous citez ci dessus, a finalement installé aux manettes des décisionnaires ces soi disant peureux pour en faire les nouveaux autocrates de l'anti culture.
      Même sous la forme de la blaguounette dire que faire écouter de la musique classique à des enfants relève de la torture m'est inacceptable, car j'entends même certains enseignants le dire...
      en blaguant...
      c'est totalement irresponsable...

      j'enseigne les musiques actuelles et le jazz et j'ai également longtemps œuvré dans le domaine de la musique classique et j'ai préféré longtemps être intervenant en milieu scolaire afin justement non de faire venir "à la culture" mais de "déplacer la culture vers..." (j'ai bossé ainsi dans les fameuses banlieues tant montrées du doigt par les politiques en mal de dialectique).
      Ces batailles de chapelles pourrissent nos vies - toutes ces années de travail en secteurs jugés difficiles m'ont prouvé que l'enfant ne fait pas de différence - il écoute, s'abreuve, aime.
      l'adolescent sait se passionner si l'on sait le passionner...
      et l'adulte se doit d'être "responsable" pour éviter le sectarisme.

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    3. suite:
      Vous parlez d'émotion...
      Le sens réel et unanime qui fait adhérer l'enfant à toutes les musiques est bien celui ci.
      J'ai vu une classe d'ados rockeurs parés à jouer un titre de Satriani avoir la larme à l’œil en écoutant e lucevan les stelle de Tosca...
      L'émotion...

      Désolé dev' de barrer ainsi mais franchement, y'a des jours...
      Je suis un éternel défenseur du "droit à la culture" pour toutes et tous.
      Cette défense de ce droit est mon quotidien et ma vie, réelle, comme virtuelle.

      Tiens parlons d'opéra...
      je conseille de réécouter Tommy... ou The lamb lies down... ou west side story...

      allez bonne journée à tous.

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  6. Moi aussi j'ai pleuré en écoutant Satriani. Je suis entièrement d'accord avec tous ces propos, et de plus très concernée par le passage des affinités, qui comme dans ma ville où l'art est omniprésent, ne s'impose à nous que par ce biais, c'est une aberration. Ce qui implique une autre déviance, celle de la course aux subventions, ce qui annihile l'essence même de l'art.

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    1. Je savais qu'il y avait un commentaire qui me trottait dans la tête... Curieux je suis, quel Satriani? Le peu que je connais du bonhomme je ne l'imagine pas émouvant.

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    2. [ALERTE RECTIFICATION] c'est pas sur Satriani que j'ai pleuré, c'est sur du Erik Satie ;))))

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    3. ha zut, je pensais avoir une surprise. Satie? un peu moins surprenant mais surprenant quand même. Je l'écoute comme si j'avais besoin d'un silence musicale, une note, un silence, une note... Bon, ceci dit je ne connais que l'ultra connu. Les "GypsyKingDit" ou un truc comme ça (moi aussi j'ai le droit à la confusion, et ça m'évite de chercher, la phonétique est pas trop mal)

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  7. « Le rejet de l’art » est une grande tendance populiste.. tout tend à anéantir les esprits, uniformiser les cerveaux, on écoute plus avec les oreilles, mais avec le porte monnaie..hors il faut aussi écouter avec le bide, la plèvre, l’envie de bouger un bras, le cortex… où comme disais Cocteau avec son sexe. J’aime beaucoup ta phrase « déplacer la culture vers ».. à mon petit niveau à moi, j’essaye de tout passer chez moi en musique, et je regarde les réactions de mes trois enfants qui ont pris ce qu’ils ressentaient comme impactant dans leur affection. Et quand nous discutons tous ensembles ça devient un tourbillon extra avec des discutions et des partages (même si des fois on se bagarre un peu).
    Du coup je leur dit qu’il ne faut surtout pas aller acheter une cafetière à la Fnac, ou un vinyle réédité à 30 euros et qu’il faut qu’on reste affamés et muets devant l’émotion artistique d’un d’entre nous. Mon grand adore Tryo et Mozart, ma grande Michael et la Motown, la dernière c’est Beatles et Tal, ma compagne Biolay et Joe Starr, et on passe tous par qqchose en commun.. nos soirées bind test sont des peplum :D
    Bref, le grand débat ici, et moi avec l’impression d’avoir tout entendu des opéras gamin, je ne suis pas dedans avec mon bide et mon cortex.. et place quand même un Placido, un Pavarotti (même si c’est avec U2 et Eno ;D) .. pour voir les réactions et débattre avec mes 3 minots pour éviter des réactions stériles.. mais je sais qu’ils vibrent et qu’ils comprennent pas mal de choses à l’art.

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  8. En vrac, à vous deux...

    merci de ces retours sur ce débat de fond.
    la problématique des lieux estampillés culture, des "espaces" s’étiquetant tels... est en règle générale l'éloignement entre l'intention initiale et le manque d'ouverture au final.
    Le sud est, par exemple (et en très mauvais exemple), le rendez vous annuel des "festivals".
    Organisation parisianiste pour parisiens cultureux en vacances, déni total de la "localité", rejet de ceux qui veulent et doivent vivre au quotidien de la culture - ces espaces très prisés ne leur sont absolument pas réservés, pire, ils y sont renégats, mal venus, méprisés.
    Les lieux tels que jazz clubs sont souvent gérés par des associations aux présidents autocrates, favorisant LE jazz qu'ils aiment au détriment du jazz en général.
    On y croisera peu de free, d'artistes hors normes, là aussi la politique du bon goût qui rapporte et qui serre la pogne des majors est de mise...
    En rock, les lieux c'est un peu différent et on y constate des programmations plus osées, ouvertes, locales et identifiées.
    Quant au classique, le répertoire romantique, classique et baroque inondent au détriment du contemporain et laisse dans l'oubli certaines écoles, mais là aussi le public, comme pour tout, vient par habitude, par snobisme, par mélomanie de bon genre.
    Les "victoires" de la musique sont comme les charts - elles font tourner les valeurs qu'on croie sures (et qui le sont, mais... les autres...).
    Les programmateurs de ces lieux qui vivent et font tout de même vivre la musique pensent souvent que parce qu'ils aiment telle musique, tel artiste telle esthétique, c'est général et ils se cantonnent souvent à transposer cet idiome dans leur programmation.
    Si, comme il m'arrive que ce soit le cas, je rentre dans les clous (on sait aussi faire.. pour) forcément, on tourne, à l'inverse, monter un trio genre Frisel, comme nous l'avons osé il y a peu demande un démarchage pour obtenir trois à quatre dates annuelles, qui dépasse le travail du VRP d'assurances ou d'aspirateurs. Ce, même si l'on propose de jouer gratos...
    Ce sont des choix et force est de constater que le critère créatif ou "original" (bien que je n'aime ce mot), reste marginal.

    Il faut donc éduquer le futur public et c'est bien là ce qui me passionne dans mon métier.
    On n'y forme pas que des futurs professionnels musiciens, mais aussi de futurs mélomanes, des amateurs au sens noble du terme, capables d'apprécier et d'oser sortir des sentiers battus car ayant été formés pour être disposés à ce faire.
    Déplacer la culture est une idée simple et vraiment efficace qui, je le sais portera ses fruits.

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    1. Certaines "expériences" devenues actes à répétition tels les orchestres à l'école, les classes cultures dans les collèges, les interventions en milieu scolaire qui avec le DUMI (diplôme de musicien intervenant), agissent pour ces ouvertures depuis 1984 et prouvent concrètement qu'en oeuvrant à la source de l'éducation on peut interagir sur les mentalités.
      A l'intervenant bien entendu de n'enfermer lui aussi dans SA culture, mais ces personnes en général volontaires et motivées genre mission travaillent en conscience de cela.
      Les débats sont compliqués mais, ce que je réfute c'est le manque de dialogue et la fermeture genre t'écoutes ça t'es un con, t'écoutes ça t'es un mec bien, t'écoutes ça t'es donc un intello, etc...
      Faire découvrir des cordes à travers abd al malik puis amener sur Brel parce que même orchestrateur en prenant en compte la culture slam/rap comme véritable culture, donc en la respectant est tout à fait possible.
      de fait, la barrière musique classique et actuelle ne sera plus car le respect s'installe entre les milieux sociaux culturels et ce qu'il en sortira, même infime, fera forcément réaction, boule de neige, etc...

      merci à vous de ces échanges...
      Dev' t'as encore fait très fort pour installer le débat, tout à ton honneur comme d'hab'.
      à +

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  9. Merci à vous tous... J'ai lu avec passion.
    Pour compléter. Je suis davantage tolérant avec des intolérants. Même agressive, le subjectif fait débattre. Un mécène décide ce qu'il aime et soutient ce qu'il aime.
    Le mécénat institutionnel (Subvention, Intermitent du spectacle, médiathèque, etc...) et l'enseignement eux ont une responsabilité plus complexe à définir.
    Il me reste cette anecdote:
    En réponse à Michel Blanc qui condamnait le téléchargement en se demandant si le même individu volerait volontiers un camembert en magasin, un groupe de ???? lui a répondu: Que si pour démonstration il se permettait d'ignorer la nuance entre dupliquer et subtiliser, pourquoi ne pas inverser le raisonnement: Et si on pouvait copier la nourriture, M. Blanc se battrait il pour protéger les producteurs? Ou bien penserait il intelligent de réfléchir à une forme de rémunération et ainsi résoudre la faim dans le monde.
    Si l'accès à la culture et ses initiations sont considérés comme la nourriture de "l'âme" alors ce n'est pas idiot comme réflexion.

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