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dimanche 16 novembre 2014

Anita O'Day. C'est quoi quarts de ton? Ou du volontarisme encourageant




Bon, je voulais faire court, beaucoup à écouter et à lire, je me disais, pour maintenir un message hebdomadaire une petite chanson pour annoncer Anita O'Day et y revenir plus longuement plus tard.

Mais voilà, l'écoute entraîne l'écrit qui entraîne l'écoute etc...

D'où ce titre lourdaud qui tente de placer trois idées: Anita (qui est bien plus qu'une idée, un fantasme si on s'applique) une technique vocale à m'expliquer et pour finir comment j'ai fini par savourer et même parfois davantage.

Rebondissons sur deux textes de deux blogs.

Un échange passionnant en commentaires sur la chronique Alice Cooper, ici:

Alice comme vous ne l'avez pas encore lu

Nous échangions sur deux approches pour découvrir la musique, j'évoquais la faculté qu'a Hugo Spanky à décrire sous des angles inattendus le travail d'artiste. A ce petit jeu il m'a fait apprécier les albums solo de Mick Jagger et ici il vante avec succès le Alice des années 80.
Pas évident hein?
Je précise que Alice Cooper je l'ai loupé et que pour me rattraper je cherchai des avis concordants pour découvrir ses meilleurs albums.
Je ne voulais pas défricher, je voulais que l'on me guide vers les sommets.
Partisan du moindre effort?
Démarches opposées?

Je résume (je sais c'est un peu long) a nos grands ages nous avons tous en mémoire des musiques que nous avons découvertes, aimées et envie de faire aimer. Les circonstances furent innombrables: Une pochette attirante, une chanson obsédante (Moi, ce fur Richard Cocciante dans "Qui Plume La Lune" avec Daroussin), des disques en solde, un article critique etc...

Le Web maintenant nous donne l'occasion de transmettre ces découvertes, quitte à aller à contre courant et c'est tant mieux. C'est ce que vous faîtes tous et c'est toujours tans mieux pour moi.

Car si j'aime transmettre, maintenant je veux moi aussi découvrir de nouveaux horizons.
Quand les clés d'un style nous sont tellement connus que n'importe quelle oeuvre du genre est appréciée à la première écoute, il est temps de sortir pelle et piolet et d'aller chercher de nouveaux trésors moins facile à déterrer.

Ou bien de se tourner vers les autres prospecteurs pour leur demander de l'aide. Les passionnés de musiques qui en ont fait leur métier en tant que chroniqueurs ou journalistes, si on les éloigne de l'obligation de promotion nous transmettent eux aussi une partie de leur amour.

Prenons la planète Jazz.

Je ne fréquentais pas de milieu passionné. Adolescent j'en écoutai peu, pas en fait.
Le hasard d'un Miles Davis. Un ami qui me pousse vers Bill Evans. Un autre qui a force de torture m'a rendu accro à Coltrane
Et je décide de conquérir la planète. Pour tout dire j'ai choisi une autre image, celle d'un grand fleuve du temps que je descends, pour arriver peut-être à des artistes d'aujourd'hui (Image inspirée du "Fleuve de L'éternité" de Farmer)

Pour m'aider:

"Passeport Pour Le Jazz de Philippe Adler et Pierre de Chocqueuse" Les meilleurs pour nous faire savourer des disques, privilégient l'écoute plutôt que l'histoire.

Pour L'Histoire, le "dictionnaire du Jazz" de P Carles, A Clergeat & JL Comolli

Et comme Timonier sur mon fleuve: "Giant Steps" de G Belhomme.

ajoutons mes amis maintenant convertis, vos blogs, les sites etc....

.....................................;

Je m'arrime au port de Anita O'Day, l'escale qui suivait Art Blakey.

Une grande dame du Jazz. J'ai logiquement toutes les armes pour rapidement découvrir les trésors cachés et pouvoir ensuite aller vers d'autres ports.
Une course frénétique qui a une allure de lutte contre le temps ...

Ce n'est pas si simple.

Ça ne marche pas toujours.

Anita, je l'entends mais ne l'écoute pas, mon fleuve est trop tranquille. Il y a tout les ingrédients que je commence à entre-entendre en jazz: big band, vocal titres standards. mais de trésor? Point.

Chez PascalGeorges Anita a une place dans une compilation consacrée aux chanteurs et chanteuses de Jazz. Sa chronique me donne une clé supplémentaire, ici:

Venez, approchez, écoutez, c'est là que cela se passe

Mais je me sens à distance, les autres artistes me touchent davantage, soit je les connais, soit le genre m'emporte de suite.

Tant pis.

Je ramasse mes affaires, frustré du temps perdu, un peu triste aussi.

Allez, avant de partir, je croise un rade plutôt modeste qui me joue "Tennessee Waltz"

0001 Anita O'day - Anita O'day  1950-1952 - Tennessee Waltz

Sans m'en rendre compte, mon coeur se mouille, je m'attarde et écoute, écoute et réécoute cette merveilleuse confidence.

Mon voisin

- Tu devrais entendre ce qu'elle a fait avec "Take The 'a' Train"

Forcément, "Take The 'a' Train", en intro d'un grand live des Rolling Stones
De ma mémoire remonte cette fabuleuse version de "Under My Thumb" où l'apport du Duke n'était pas à négliger.

01. Rolling Stones - Take The A Train, Under My Thumb

Ensuite, bien plus tard, mais la marque était indélébile, je me plongeais dans ce bain de jouvence. Et à chaque fois que le thème choisi par les Stones fait son apparition, je frissonne de joie (à 1mn20 du début):

0001 Duke Ellington - Ellington At Newport 1956 (Complete), CD 1 - Take The A Train






Mon voisin me sort de ma rêverie et m'entraîne dans une rue que je n'avais pas bien vu et forcément:

0002 Anita O'day - Anita O'day Sings The Winners - Take The 'a' Train

- Ho putain ce que c'est bon.

Avant de me quitter, charitable voisin me dit de continuer à me faire plaisir (me me me ...pffff)

- Tu liras ton "dictionnaire du Jazz" plus tard

0002 Oscar Peterson - Bd Jazz - Tenderly


0003 Anita O'day - Anita O'day Sings The Winners - Tenderly


0003 Dizzy Gillespie - The Complete Rca Victor Recordings; 1937-1949 Cd1 - Night In Tunisia [take 1]


0004 Anita O'day - Anita O'day Sings The Winners - Interlude (A Night In Tunisia)


0004 Miles Davis & John Coltrane - Live In New York - Four


0005 Anita O'day - Anita O'day Sings The Winners - Four


0005 Stan Getz - Early Autumn - Early Autumn


0006 Anita O'day - Anita O'day Sings The Winners - Early Autumn

Anita de mon coeur. juste que je me trompais. Je ne sais pas ce que je cherchai, probablement que je l'avais défini et que je ne le trouvai pas. Il me fallait tout gommer, repartir à zéro pour enfin t'écouter.

L'assurance de Ella, une féminité touchante et un chant sans esbroufe, un instrument sans compétition avec tes accompagnateurs, que dis je tes partenaires. Et ce swing!!!

Je ne sais pas qui a conquis l'autre, mais je sais pouvoir quitter les lieux avec un peu plus de bonheur que lorsque j'ai abordé.

Même le "dico" qui est souvent froid et académique a trouvé les mots pour toucher et aussi pour m'intriguer

Anita O'Day a pu revendiquer elle-même l'influence de Mildred Bailey, d'Ella Fitzgerald et de Billie Holiday: La pureté de son style peut la rapprocher des deux premières, son naturel l'apparenterait plus directement à Billie. Mais son humour et sa gouaille, jamais vulgaires, n'appartiennent qu'à elle. Son superbe sens du phrasé lui permet d'improviser avec une facilité étonnante...

Et je lis ailleurs

Capable de chanter en quarts de ton

Ne sachant quoi penser de cette qualité, elle ajoute au mystère. Anita la magicienne du chant?

PS1

Et même sur les chemins balisés il peut y avoir des rencontres hasardeuses. Mais qui donc est cette Mildred Bailey? Trouvé à la médiathèque de quoi me répondre. Peut-être pour un aparté de ma course sur le fleuve.
En attendant

0001 Mildred Bailey - No Album - Me And The Blues


0002 Mildred Bailey - No Album - Summertime

PS2

Prochaine escale? John Lewis, pianiste. Et pour cette fois encore, jamais entendu directement.

PS3

Oui, bon, un peu long en fait... Allez, un peu de Hard Rock maintenant :-)

13 commentaires:

  1. Connais pas cette dame. Quelques morceaux m'évoquent Julie London plus que Billie Holiday, je vais creuser et écouter tout ça tranquillement.
    Merci.
    Hugo Spanky

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    1. Oui, tu as raison, au moment de mes premières écoutes cela m'a perturbé, ce n'est pas à quoi je m'attendais. J'aime bien Julie London. Par contre Anita a des "solo" qui s'approchent du scat de Ella. Comme dans "Sing SIng" Je peux te dropper l'album entier si tu veux, même si facile à trouver. Si tu as une adresse à me donner....

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    2. Du scat ? Pitié. Quelle horreur ce truc, on a un Ella comme ça il prend la poussière sur une étagère.
      J'ai chopé l'album mais je te file mon mail quand même ranxzevox@yahoo.fr
      Hugo Spanky

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    3. Je note ce soir l'adresse.
      Bon, j'ai compris pour le scat, je n'ai pas tapé juste. Je retourne ma veste: Il y en a assez peu en fait...

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  2. Lecture assez matinale et qui encore une fois à tête calme pose des questions, positionne des comportements d'auditeur, bref, pas long, juste ce qu'il faut pour susciter l'intérêt.
    Cela fait un petit temps qu'on en parle entre nous de la dame Anita...
    Comme toi, je l'ai découverte avec cette compil que j'ai chroniqué et qui, n'est plus éditées d'ailleurs...
    Il apparaît même que certains des albums dont les morceaux sont issus sont également parfois, introuvables.
    En fan collectionneur que je fus (et reste un peu) il fut un temps où j'aurais avidement cherché à me procurer certaines pépites, rien qu'au regard de ce constat de rareté...
    Je n'abuse plus en ce sens depuis longtemps, musique avant objet d'abord m'ont fait devenir plus raisonnable.
    cependant un certain Milt Jackson chroniqué a suscité tout mon intérêt et je vais le chercher, car avec quatuor à cordes anti-conforme ça ne peut qu'être digne d'intérêt musical.
    Revenons à Anita, pour sur, pas la "pointure" au statut de légende comme Ella, Billie ou Sarah, mais justement, parfois comme tu le dis, sachons nous étonner et trouver ailleurs ce qui n'est pas forcément d'apparente évidence.
    J'ai fait cela comme toi avec elle, et avec Helen Merrill, mais aussi Mel Tormé.
    Il y a longtemps je rejetais Sinatra, rien que son image américano-médiatique sous couvert de ce que je ciblais, ado, comme vieilleries, me révulsait.
    Puis un jour j'ai été sollicité par un chanteur guitariste compositeur (Patrice Bianco) qui m'a demandé de lui arranger ses chansons dans l'esprit de Frankie...
    Là ce fut découverte, regret de l'obscurantisme ignare et ignorant et profond amour pour le personnage, sa voix et sa carrière...
    J'aime ta volonté de convaincre qu'il faille se motiver à chercher ailleurs que l'évidence et même se laisser guider par ceux qui ont fait de même dans des directions choisies, hasardeuses ou autre, en fait, peu importe.
    Pour l'électro j'ai mes guides...
    Il ne me sert à rien d'avoir à faire autrement, une certaine "jeune" génération est là pour s'enflammer et te passer son virus.
    Y'a qu'à se laisser faire et ensuite se faire une idée, en creusant on finit toujours par le rapport affectif avec ce qu'on perçoit, c'est logique.
    L'effort consenti à la découverte - une fois la porte ouverte avec la bonne clé - amplifie ton rapport affectif...
    Il y aura pour ma part, addiction, intérêt, compréhension ou une fois ces degrés acceptés, en certains cas finalement refus...
    Si refus ce sera un long chemin car j'y reviens, encore et encore en me disant toujours que j'ai peut être loupé un truc, un axe, une direction...
    Et ce sera certainement le cas, mais il faut se faire une raison, on ne peut pas adhérer à tout...

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    1. Je continue avec le quart de ton.
      Je suis dans le sujet ces temps car ce samedi on a reformé ce groupe dit de Blues qui a subit et subit (ra?) encore des fluctuations au gré du mistral.
      Un concert cabaret à Grimaud qui sera dédié non à l'histoire du blues mais à son langage omniprésent dans toute la musique dite actuelle, mais pas que et ce au fil du temps désormais en siècle(s)...
      Au fil de ce concert on va tenter d'expliquer comment trois accords, une gamme de cinq sons et en général trois phrases quasi identiques ont révolutionné le langage musical...
      Au fil de ce concert on va tenter d'aborder le délicat sujet de la "note bleue"... avec un de mes sentiments subjectifs sur la chose que j’aimerais positionner en théorie.
      Cette note qui hésite entre tierce majeure et mineure et qui s'aborde dans l'ancien temps et ce jusqu'à Billie (qui est véritablement perceptible sur ce point) par cet entre deux qu'est le "quart de ton".
      Pas mineur, pas majeur, juste ... blues.
      Alors on peut qui sait expliquer les vibes des chanteurs devenus clichés mais qui ont puisé dans cet enracinement mais qui se sont lissés en n'infléchissant pas ce degré qui fait que l'on dit le chant "faux", alors on pourra pourquoi pas comprendre les bends usuels des guitaristes et bien entendu au piano instrument "bien tempéré" s'il en est et ce depuis Jean Sébastien on tentera de comprendre ce voicing commun dit de 13, identique à celui de m6/9 mais pire encore à celui lointain en tonalité de #9... autrement dit un voicing tendu de triton qui de surcroît dans le dernier cas mélange les deux tierces - en bas la Majeure, en haut sous aspect #9 elle ne sera autre que celle mineure.
      Comme si cette éternelle valse hésitation s’avérait en fait, juste la fameuse note bleue.
      Alors au piano c'est impossible à réaliser que l'entre deux quart de ton mais avec cordes, vocales ou tendues sur un manche, mais aussi anches et embouchures cela est filialement possible et surtout véritablement audible dans nombre d'enregistrements de blues "authentique" et de jazz qui ne l'est pas moins.
      Allez, je te laisse cogiter et réfléchir, je dois justement penser à être crédible sur ce point samedi...
      Car un concert conférence se doit d'avoir de l'exemple et de la cohérence.
      Bonne journée.

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    2. l'idée que je m'en fais, donc, c'est de trouver une note tenue, pas jouable sur un piano car entre deux. A l'oreille cela donne quelque chose de particulier?
      Sorgual évoque Lou Reed. Mais de Lou je retiens plutôt ce chant proche du parlé...
      A suivre et merci de ces explications

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  3. Pour ceux qui recherchent du Alice Cooper, il y a des liens actifs sur la caverne à trésor que représente le bloc argentin qui se concentre sur des discographies assez complètes: elbarberoloco.blogspot
    Et oui, fantastique le quart de ton , pas que dans le jazz, un certain Lou Reed le faisait d instinct, non ?

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    1. C'est ce que je demande à PascalGeorges aussi, tu as un exemple, un moment dans un titre pour éclairer mon oreille?

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  4. Ah ouaih tiens, pas mal le coup du dico jazz. J'avance doucement à me frayer un chemin en ratissant d'abord le plus "facile". J'ai un gros bouquin tashen avec qq 100ène de pochettes de disques jazz, ça me parle les covers, je fouille après..puis j'ai mes indiques aussi, mon voisin Pascal ;D
    Tellement entendu de jazz gamin que j'ai attendu d'être "libre" affronter le sujet.
    Ceci dit, j'ai aussi commencé par le métissage, quand il est dilué ou mélangé à un autre style.. latino, electro..pour arriver aux classiques et toutes ces divas. Nina Simone a bien défriché qd même.
    Maintenant, je me sens plus à l'aise..je suis prêt :D
    Merci pour le cadeau..j'écoute Anita.

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    1. Le dico a quand même ce défaut de ne pas trop parler disque de jazz, quand je dis défaut je pense à celui qui souhaite s'initier... Je continu a faire du prosélytisme pour ce bouquin difficile à trouver:

      http://booknode.com/passeport_pour_le_jazz_0104732

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  5. J'ai une préférence pour les "passionnées", mais j'aime aussi beaucoup les "élégantes" (je viens de me faire une grosse cure de Julie London). J'adore également Mildred Bailey: "The rockin' chair lady"!

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    1. belle définition.
      bailey, c'est par ma recherche ur Anita que je lis son nom pour la première fois. Rocking Chair "m'attend" à la médiathèque.

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